• La carte de Brest-centre 1976-1983

    Souvenir de Brest, quartier Saint-Louis, fin des années 1970!

    Le petit blog de l'ASH menait son petit bonhomme de chemin au sortir de l'hiver, avec une victoire du stade sous la pluie et les bourrasques, quand Exodus, lecteur fidèle et aquarelliste des instants furtifs du centre-ville de naguère, nous fait remarquer que, sur la carte de Brest en 1980 présentée récemment ne figure pas le patro de l'Armoricaine (rue Michelet).

    Panique à la rédaction et réunion immédiate dans l'arrière-salle de "Chez Tintin", rue de l'Harteloire. A l'aide d'un drone bricolé avec un vieux moteur de solex, deux canettes vides, une hélice et une caméra, on est monté dans le ciel brestois prendre une photo d'époque, et on est heureux de vous présenter cette fois le quartier Saint-Louis, et l'Armoricaine ("l'Armor") en sus. Désolé, Exodus, la bibliothèque Neptune est hors-champ. Il y a approximations, erreurs manifestes et anomalies? Tant mieux, cela fera réagir les puristes!

    D'accord, il manque la mouette sur le trottoir devant la boucherie Le Bourdais...

    Un prof d'histoire du lycée bleu (Michel Madec) nous fait remarquer que la pâtisserie place Saint-Louis, c'était Boulven bien sûr (une vraie boutique familiale), et que Lozac'h avec ses petits gâteaux formidables, c'était rue de Siam, un peu en dessous de l'actuel Blind Piper. L'importance des historiens dans ce blog...

    Passe un quidam en quête d'un T-bone steack, qui demande où se trouve "la Brocherie" sur la carte. "Fastoche, c'est près d'la Chunga!". Sapristi, oublié le coin des grillades au feu de bois! Ca commence fort!

    Ladislas Boszo

    "It's five o-clock,

    je vais droit à la Chunga"

    (Aphrodite's child)

    La carte de Brest-centre 1976-1983

     

    En bonus, deux cartes des mythiques "La classe 1979" series: "Démis s'en va à la Chunga", et ci-dessous le sandwich saucisse rose-moutarde du Stade Brestois (ok, il manque les cacahuètes grillées). On dit que les cartes "La Classe 1979" seraient bientôt éditées en stickers... A suivre!

    La carte de Brest-centre 1976-1983

     

    Suite! Deux autres cartes en exclusivité: "le Mélo' vous dit bonsoir" ci-dessous,

     

    La carte de Brest-centre 1976-1983

     

    et enfin, "pour t'en finir", comme dirait Marc Ar Moal, une ode au lycée bleu de l'Harteloire, "La Classe 1977", l'année rappelant sans doute les éphémères grandes heures de l'équipe de foot du lycée: l'ASH.

    La carte de Brest-centre 1976-1983

     

    ladislasboszo.eklablog.com


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  • Votre carte de BREST en 1980!

    Votre carte de BREST en 1980!

    Voici votre carte de Brest vers 1980! (bon, d'accord, il manque le PL et le FC Bergot) A notre époque, on sait bien que retourner dans le passé n'est plus de la science-fiction. Ca va nous arriver un jour. Ca vous est déjà arrivé? Et vous n'aviez pas la carte...

    Bon, c'est vrai qu'on nous a préparés, avec des films comme "Retour vers le futur", ou "La machine à remonter le temps". Les bouquins disent pareil, même les mangas ("Tokyo revengers"). Alors, imaginez que vous ayez l'opportunité de retourner à Brest pour 24 heures. 1944 n'est pas un bon choix. 1980 n'était pas mal du tout! Alors, munissez-vous de la carte, et voici quelques pistes (sans jeu de mots) pour un séjour réussi dans la cité du Ponant:

    1. Comme cocktail de bienvenue, siroter un "Ruz-boutou" (vin rouge et limonade) au... Ruz-Boutou (6). Exotique aussi, boire un coup avec les officiers de marine dans les fauteuils en osier de l'Epée (7)

    2. Un coup de fringale? Goûter au fameux croque-monsieur rond de la Gentilho (8), et dire: "un croque et une Kriek, ou j'craque!"

    3. Aller voir Vabec et Letemahulu au stade de l'Armoricaine (28), ou assister à un derby de basket Kerbonne-Etendard (fièvre garantie, voire plus). Sinon, les p'tits loups du PL Guérin jouent stade Foch le dimanche après-midi.

    4. Manger une pizza à 4h du matin chez Franco rue de Pontaniou, ou s'endormir dans son assiette d'escargots rue Borda à 6h du mat'.

    5. S'il fait beau, faire un plouf du grand plongeoir à la piscine en plein-air de Tréornou, ou partir en bus à la plage au Moulin-Blanc (choisir un roman-photos au Trimaran, et une glace à la caravane de "Mon ange")

    6. Manger un américain-merguez à la baraque à frite de la sorcière (près du pont de Recouvrance) ou du Crado (près de la Poste ou des Dames de France). Attention à la baston.

    7. Voir un film art et essai au Vox.

    8. Aller draguer à la patinoire de Bellevue ou au PAC (le "palais des amoureux de la culbute"), où vous pourrez écouter Pink Floyd avec un casque.

    9. Vous poster à l'heure de la sortie au lycée de l'Harteloire et compter les baba cools.

    10. Descendre au port acheter de la gravette dans un bar et partir taquiner le tacaud près des balises avec votre vieille canne à pêche

    11. Descendre la rue de Siam pour croiser marins et mousses en tenue avec leur bachi.

    Les restaurants ne sont pas cités. Ils ont déjà fait l'objet d'une enquête poussée dans ce blog. 24h, ça passe vite. Vous nous donnerez vos impressions à votre retour!

    Quelques tuyaux pour un meilleur séjour: la Rhumerie à Saint-Martin et les Mouettes au port de co' sont deux bars qui ferment à 2h du matin, et non 1h. Et le Bar Ecossais rue Jean Jaurès est connu comme dernière station pour s'immiscer dans un groupe vers le Mélody ou La Forge (Guipavas).

    Enfin, on nous dit que lorsqu'on remonte dans le temps à Brest, c'est le plus souvent dans l'ancien Leclerc rue Jean Jaurès qu'on atterrit (celui qui était en sous-sol avec tous ces tuyaux qui couraient au plafond).

    Ladislas Boszo, attablé au bar du coin des temps, avec un Picon bière

     


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  • Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (Part II)

     

    "Winnie marque à Lewisham": dessin extrait du journal "BLANC" n° 42 du 17 janvier 1980. Vous allez suivre la fin des aventures des joueurs de l'AS Harteloire en Angleterre, une épopée dont la narration débute dans l'article précédent. Il y a donc encore des lecteurs habités par la magie de Noël, curieux de connaître le destin de cette équipe de bohémiens outre-Manche. "C'est titanique", aurait dit Jimmy!

    Jimmy se chargea de réveiller tout le monde à 10h, sauf les fervents supporters à la bouche pâteuse et à la recherche de quelques comprimés d'aspirine. Winnie refusa tout d'abord d'enfiler le survêtement rouge paré d'un imposant "ASH" dans le dos parce que "ça faisait frimeur". Mais à 10h30, tous les joueurs faisaient un footing dans le parc en face de l'auberge. Dragan crachait ses poumons, Winnie courait ventre à terre, Swallow traînait un peu la patte à cause de son ménisque. Baader et LVS avalaient les distances. Dans le matin pâle, l'escadron rouge retrouvait des sensations oubliées. Demain 10h le tournoi commencerait, et les 1/16èmes de finale allaient s'étendre sur 2 jours.

    A midi, il y avait du monde partout. Des familles entières, des marchands de hot-dogs, de marrons, des sportifs aussi, même la BBC avec une petite équipe de cameramen avaient déferlé sur Lewisham, petit quartier du sud-est de Londres. Au moment de passer à table, l'ASH apprit que déjà Sturm Graz (Autriche) et Sheffield Wednesday étaient qualifiés. En plein repas, un fou-rire sans cause apparente s'empara de la tablée. "C'est les nerfs", aurait dit Coluche. Les joueurs de Saint-Mirren étaient partis en excursion. Pino (l'autre surnom du président Jack) conseilla une petite sieste et chacun regagna sa chambrée tandis que les supporters se mettaient en route pour couvrir les murs de la ville de graffitis "ASH". Dragan lut un numéro de "l'écho des savanes". Marius écouta de la musique.

    A 16h, on n'eût pas besoin de rassembler les joueurs. Dans la rue, des gens se bousculaient en chantant: Lewisham venait de se qualifier aux dépens du Bayer Uerdingen (RFA).

     - "J'espère qu'il y aura encore des spectateurs", lança Baader. Oui, les gradins étaient encore bien garnis, pour la bonne raison qu'à 18h10 Orient affrontait Chester. Et Orient, c'était tout près.

    Le car se gara devant l'entrée des vestiaires. Le bus du Chenois FC était déjà là. Le vestiaire était bien chauffé. Les maillots blancs floqués du nom du sponsor étaient encore immaculés. Il fut décidé que Swallow (des Bahamas) jouerait la 1ère mi-temps dans les buts et que Kermit (du Cours d'Ajot) prendrait sa place pour la dernière demi-heure. Un officiel passa prendre la composition de l'équipe. On serra bien les lacets des chaussures. Seuls Baader, Dragan et Marius mirent des protège-tibias. Pino se frottait les mains de nervosité. Dragan fuma une dernière clope. Au-dessus, la rumeur de la foule, une clameur. Un but sans doute. Et la voix du haut-parleur: Udina (Italy): 0 - Karlsruhe (Germany): 1. "At 5:10 p.m, the next match...". Un officiel vint chercher l'ASH qui croisa les deux précédentes équipes. De jeunes italiens pleuraient. Les suisses étaient devant. Au fond du couloir, le jour, les lueurs des projecteurs. Le terrain, la foule.

    Une tape de Pino sur l'épaule de chacun: "A vous d'jouer". Mais personne n'était en état de répondre!

    Une salve d'applaudissements pour le Chenois FC. "A nous!". LVS le premier, et tous les autres. Où étaient les supporters? Une avalanche de pq derrière un but l'indiqua. Les projecteurs éblouissaient.

    Les 2 équipes se réunirent au centre du terrain, Chenois en bleu. Echange de fanions. Pour qui allait pencher le public? Difficile à dire à l'applaudimètre. Les supporters d'Orient créaient déjà l'ambiance. Un court échauffement, chacun faisant un peu n'importe quoi. Le centre pour Chenois. Un coup d'oeil vers le banc de touche d'où Jimmy prodigait ses encouragements. Un regard de l'arbitre pour LVS: "Ready?"

    - "Ouais!"

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (Part II)

     

    Jimmy et Fulgur, Oxford

    Triiiiiiiiiiiiiiiiiit!

    Le terrain n'était pas trop grand, même pour un tournoi à 7. D'entrée une longue balle en avant de Chenois interceptée de la tête par le Vieux (LVS). L'ASH, entrée difficilement dans le match, ne tarda pas à s'apercevoir que les petits suisses (accompagnés par Hervé Revelli sur la touche!) n'en menaient pas large non plus. Pourtant, les suisses décochèrent un tir merveilleux, dégagé sur la barre par Swallow (l'hirondelle du Bergot). Applaudissements dans le public, de moins en moins indifférent. Un coup-franc concédé par Baader (ou Bomber) fit passer le frisson dans le dos des Olive et consorts. Mais Swallow se coucha sur le ballon.

    Marius, plus ou moins en pointe (car le hors-jeu n'existait pas) regarda la pendule. Déjà 20mn de jeu. L'ASH subissait la pression et semblait se complaire dans la peau du dominé, concédant 3 corners consécutifs. Heureusement, LVS faisait la loi dans les airs. Et cette montée solitaire de Dragan, montrant qu'il était temps de rentrer dans le match. A une belle occase des suisses, l'ASH répliqua par un tir de Dragan au-dessus de la barre juste avant la mi-temps. Que c'est passé vite! Dragan et Winnie se tenaient les hanches, éreintés. La foule applaudit par politesse. Pino donna de la voix.

    Quelques sourires dans le vestiaire. "On peut les bouffer, hein?" lâcha Marius, une bouteille d'eau à la main.

    -"Sûr", renchérit Winnie. Swallow enfila son survêt'. Pour lui le match était terminé: "on n'a qu'à jouer plus vite. On ne garde pas assez le ballon. On a trouille de mal faire... Remarque qu'en face c'est pareil".

    - Ben oui, ajoute Jimmy. Pourquoi vous auriez peur? J'ai un peu de vin chaud dans la thermos pour qui en veut".

    Chacun en voulut. Pino lança que c'était dans la poche. L'arbitre siffla dans le couloir. Déjà. L'annonce du remplacement de Swallow provoqua quelques sifflets dans le public. De nouveau le terrain. Un signe aux supporters. Ca allait déjà mieux. Dragan alla même jusqu'à mimer la danse sacrée de la bande des k-way. Et tout le monde de rire franchement. Fulgur dans le rond-central avec Marius: c'était reparti!

    Cette fois, l'ASH parut prendre le contrôle du jeu. LVS et Winnie relançaient avec adresse, le Vieux par de longues passes, "Il barone" sacrifiant au jeu court. On jouait depuis 5mn à peine que Baader enraya d'un tacle sec une velléité offensive des bleus, le Vieux Sorcier récupérant le ballon promptement. Il a vu Fulgur tout seul à gauche. Une balle précise. Le public apprécia. Fulgur recentra le cuir dans le couloir au centre, dans le quel s'était faufilé Winnie. Un petit contrôle en pleine course, une demi-volée du droit, et de face le baron fusilla le gardien adverse (photo en début d'article). Crépitement d'applaudissements, la voix d'Olive perça la nuit: "Winnie, you are the king!".

    Le baron disparut sous une pyramide humaine. Chenois encaissa le coup. Kermit hurla: "Allez, on ferme la porte!". Même pas la peine, car à Chenois le coeur n'y était plus. Saudade helvète. Et le second pion inscrit à la 41ème mn par Marius à ras de terre ne surprit personne. Marius saluant la foule. Pino debout.

    Les suisses eurent le sursaut d'orgueil, mais Kermit à chaque fois fut à la parade, le poteau sauvant même l'ASH. Il était écrit que les suisses mangeraient leur fromage blanc jusqu'à la croûte: c'est le Vieux qui, sur corner, catapulta le cuir hors de portée du gardien adverse. 3-0 à 9 mn de la fin. Tout était consommé. Baader balança de longues balles, LVS et Winnie firent courir le ballon. Dragan concéda un dernier corner. Un malheureux cafouillage. Marius n'eut pas le temps d'ajuster sa passe à Kermit et le voici battant son propre gardien au moment où l'arbitre sifflait la fin du match. Pyramide humaine sur Marius un rien furax. Pino et Jimmy envahissant le terrain. Oubliés, les vaincus. Salut au public, et place au match suivant!

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (Part II)

     

    Président Jack, Paddington

    Dans les vestiaires, personne ne semblait réaliser. Baader annonça: "j'ai eu mon mec!". Et Pino ouvrit une caisse: "De la part de la Gentilho'. A n'ouvrir qu'en cas de victoire". 12 bouteilles de Jenlain. Chansons et tumulte, Pino et Jimmy poussés sous la douche, Winnie hilare.

    La soirée se prolongea bien tard dans la nuit. En boîte dans le centre londonien après les pubs. Heureusement, Yan ramena tout le monde à l'auberge. Boots ne put se lever et dormit dans le car. Le 27 décembre, l'équipe ne jouant pas, cap fut mis sur Oxford Street pour quelques achats. Le soir, les joueurs mangèrent sans le comité directeur parti assister au tirage au sort. L'auberge était déserte: Saint-Mirren avait été éliminé l'après-midi même par Berne (enfin des suisses heureux) et avait regagné l'Ecosse.

    Pino joignit les mains: "On joue demain contre les tchèques de Plzen. Vu que Saint-Etienne a été éliminé 4-1, nous voilà derniers français dans le tournoi!

    - Ca, on s'en fout!" lâchèrent de concert Winnie et Dragan. Swallow entonna quelques notes de "la Bohème" d'Aznavourian. L'ASH croyait en son étoile.

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (Part II)

     Le tunnel vers la pelouse

    L'ASH se rassembla vers le centre et salua le public enthousiaste. Les joueurs de Plzen quittérent le terrain la tête basse. Dame, le tableau d'affichage indiquait 2-1 pour leurs adversaires alors qu'ils avaient manqué un péno mérité à la 42ème mn et menaient 1-0 depuis la mi-temps! Mais le match avait basculé sur deux raids personnels de Marius, puis Fulgur. Swallow réalisa un arrêt réflexe sur le pénalty. Baader philosopha: "En somme, j'ai eu raison de le descendre...

    - Mais il n'avait plus le ballon, hasarda Kermit

    - Et alors, dans le feu de l'action, tu n'as pas le temps de réfléchir!

    - En d'autres termes, tu as eu ton mec. Mort de rire (Dragan)

    - Putain... et du laurier. Il était temps que ça se termine: j'étais crevé!".

    Les 9000 spectateurs grondaient dans les tribunes. Lewisham allait faire son entrée sur le terrain. La victoire de l'ASH était déjà oubliée.

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (Part II)

     Jean Lasbuth, Saint James' Park

    Cette fois, ça ne voulait pas rigoler. Les mines étaient sombres dans les vestiaires: "Quelle bande de latteurs!

    - Jamais vu ça. Le rital a carrément balancé son pied dans les côtes de Swallow!"

    Swallow baissait la tête dans un coin. Il avait dû céder sa place dès la 18ème mn à Kermit, et Marius traînait la patte.

    - "Jamais vu des empaquetés pareils! grommela Fulgur. Et ils nous flanquent un pion à la dernière mn!

    Pas besoin de vin chaud aujourd'hui pour donner du tonus aux troupes. Le public avait sifflé l'équipe de Catanzaro à sa sortie de terrain. Un jeu ultra défensif et rugueux. Quelques cannettes de Killian's importées de France avaient atterri sur le terrain.

    Marius, carrément balancé, s'affala dans la surface de réparation. Mais l'arbitre fit signe de continuer à jouer. Baader et Winnie entourèrent le réf'. Et un carton pour le teuton. Grands gestes, Pino lança un appel au calme. Et un avertissement aussi pour Dragan qui avait lancé un "mieux vaut z'en rire" dédaigneux. Les premiers incidents depuis le début du tournoi. Charge aérienne sur LVS. Et la foule de gronder, qui lâchait des "come on you whites". Impressionnant. C'eût été trop bête de lâcher maintenant. LVS tira le coup-franc. Un paquet sur la transversale. Oooh! Et personne à la réception.

    Contre-attaque des italiens et Kermit sorti à temps à la rescousse, applaudi par le public. Baader et LVS se regardèrent, pris par la peur de ne pas avoir le temps. Plus que 10mn de jeu, domination stérile. Débordement de Winnie. Fauché! Cette fois Pénalty, les italiens ayant une fois de trop joué avec le feu. Qui allait le tirer? Fulgur ou Marius? C'est Fulgur. Winnie se faisait soigner sur la touche, Kermit était monté au centre du terrain quand Fulgur marqua, comme à Kérichen, à gauche du gardien... Voilàà! But!

    Et l'ASH de replonger dans l'ivresse. Dragan courut comme un fou le long des tribunes. Mais à 1-1, on s'acheminait vers la séance de pénalties. Winnie dut sortir du terrain. Personne pour le remplacer, et encore 8mn à jouer...

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (Part II)

     

    L'ASH a encore gagné. Dragan a crucifié Catanzaro à 2mn de la fin. Une "pâquerette" désespérée alors que la Maison Blanche prenait l'eau de toutes parts et allait s'effondrer sous peu. Et Dragan s'est lancé la bouche ouverte dans les filets adverses. Marius s'est écroulé, pris de crampes. Pendant la dernière mn, l'équipe a su garder la porte fermée, et Baader a eu son homme. Les trois coups de sifflet de l'arbitre furent un cadeau du ciel. La foule réclama un tour, et les joueurs s'exécutèrent, avant de disparaître dans le tunnel.

    Extrait du journal de Jimmy: "30 janvier (suite)... Et on est tous complètement crevés. Enfin, on a du bol. Winnie pourra jouer et on n'est pas tombés contre Lewisham. Mais Las Palmas, ça ne sera pas non plus de la tarte. Je crois qu'on n'est pas encore remis des sensations d'hier. Mais il est temps d'y aller."

    Sheffield Wednesday venait de bouler Lewisham du tournoi. Et les jeunes joueurs que croisèrent nos bohémiens quittaient avec regret les encouragements chaleureux du public. Public qui n'avait pas oublié la prestation des frenchies la veille et porta sur eux ses encouragements. Mais les jambes de nos bohémiens étaient fatiguées, au coup d'envoi du match contre Las Palmas (1/4 de finale).

    Si l'ASH regagna les vestiaires à la mi-temps sur un score vierge, si le public applaudit la combativité des 2 équipes, chacun avait compris que Las Palmas avait plus de ressources. Plus frais. Les bohémiens n'allaient pas faire illusion bien longtemps. Personne n'en parla cependant dans les vestiaires, les mêmes réflexions revenant: "on va les bouffer", "un doublé pour Baader!".

    L'ASH ne tarda pas à céder le milieu de terrain aux espagnols. Winnie boîtait. Chez Marius le ressort était cassé. Fulgur en pointe ne recevait plus de ballons et n'était plus en mesure de revenir les chercher. Les tacles de Baader se faisaient plus lourds. LVS sautait moins haut. Kermit força l'admiration en retardant l'échéance une fois, deux fois... cinq... Non, celle-ci était au fond. Un regard désespéré vers l'arbitre indiquant le centre du terrain. Il y avait bien but.

    Alors qu'il restait 12 mn à jouer, Baader déclencha un tir dans lequel il semblait avoir emmagasiné tout son influx. Mais le gardien adverse se coucha sur le ballon. Et comme dans un cauchemar ce long dégagement du libéro de Las Palmas vers l'avant-centre libre de tout marquage et qui s'en alla dribbler Kermit impuissant. Et Las Palmas levant les bras. Chaque bohémien qui regardait l'autre. Triste. Allons donc, comme il avait l'air marrant Baader, avec cette gueule d'enterrement. Un sourire sur les lèvres de Dragan, puis de Winnie. LVS fit une grimace à la Bourvil et rigola. Dragan lâcha: "mort de rire!".

    C'est en chantant "oui nous irons marquer des buts à l'extérieur" que nos joueurs défaits quittèrent la pelouse, même si les regrets revinrent dans les vestiaires.

     

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (Part II)

     Fulgur, Stamford Bridge

    L'ASH participa à la réunion de clôture organisée pour le réveillon dans le hall des fêtes de Lewisham. Elle reçut une coupe pour sa combativité. On lui demanda de chanter son hymne sur l'estrade. En l'absence de Bébert Mc Reno, tout le monde chanta faux. Chacun s'abandonna à la liesse populaire. L'ASH monta vers le bar en compagnie des joueurs de Sheffield, vainqueurs du tournois et déjà raides. Toute la population semblait là. L'orchestre joua toute la nuit, mais qui dirait se souvenir quand 1979 laissa place à 1980 pourrait aller à confesse.

    L'ASH quittait l'Angleterre. Le conte était terminé. Restaient les coupures de journaux, la coupe, les photos, les souvenirs et les godasses crottées.

    Et à 3h du matin devant la Gentilho' fermée, chacun se serrit la main et s'en allut comme si rien ne s'était passé. Swallow enfourcha sa mob' à siège long et Olive démarra sa Yam' 125.

    Alleï, bonne nuit une fois!"

    (fin du conte de Noël)

    Ladislas Boszo

     

     

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (Part II)

     

    Marius, Portobello

    N'empêche, on se demande encore si on n'avait pas rêvé: recevoir une lettre de Jean Sadoul, quand même...


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  • Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (part I)

     

    Couverture du magazine "BLANC", le journal de l'équipe de foot du lycée de l'Harteloire, paru à 1 exemplaire le 17 janvier 1980 et narrant sur 9 pages l'incroyable voyage de l'ASH en Angleterre. Ce périple d'un autre temps va vous être présenté en version remastérisée, en deux parties. Accrochez vos ceintures !

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (part I)

     

    Extrait du "Blanc" n°42: "Quand l'ASH ira en Angleterre"

    Il était une fois... un jour comme un autre. Un samedi 22 décembre. La veille une partie de l'ASH était à la Gentilho. Cinq ou six qui ont bien ri. Ils ont été manger des frites. Lasbuth a ramené Garcia chez lui. On a parlé de Marius parti en Suisse, de Dragan qui allait rentrer de Paris. "Une bonne soirée", se dit Fulgur". "Tranquille". Il se gratta la tête, mit ses chaussons et descendit voir s'il y avait quelque chose dans la boîte aux lettres. Midi sonnait à l'église Saint-Louis. Quelques prospectus... "Noël au Rallye". Et une lettre, une petite lettre blanche frappée du coq et de 3 "F". Une lettre qui allait bouleverser l'ASH, destinée au président de l'Association. "Encore une blague d'Olive", se dit Fulgur. Mais le tampon indiquait "Paris". C'était une lettre de la Fédération Française de football.

    C'était écrit à la machine sur du papier de luxe. L'ASH était invitée à un tournoi international de foot à 7 à Lewisham dans la banlieue de Londres. Ca paraissait incroyable. La Fédé n'avait pas dû vérifier si l'ASH était inscrite sur ses registres et s'était basée sur ceux des préfectures. Ainsi, par un phénoménal concours de circonstances, le club était convié à une manifestation exceptionnelle, bénéficiant d'un geste de la Fédération envers les clubs amateurs.

    Le tournoi commençait le... mercredi 26! Tout cela paraissait si extraordinaire. Fulgur mangea peu. A 14h, il retrouva l'ASH à la Gentilho.

    Dragan manqua de renverser sa Carlsberg. Swallow relut la lettre trois fois et conclut: "C'est sûrement une blague". Et Olive d'ajouter: "N'importe comment, vous n'aurez jamais le temps de tout préparer. Il faut trouver 9 joueurs et Marius par exemple est en Suisse...". Président Pino passait par là et trouva l'ASH dans un état d'excitation bien anormal. Ce fut lui qui, après lecture de la lettre (qui lui était adressée), prit les choses en mains.

    Pino téléphona à la Fédération et eut rapidement confirmation de la chose. A 17h, une réunion était organisée chez Jimmy, au-dessus de Kerinou. Dragan, Winnie, Fulgur, LVS, Baader, Kermit, Swallow, Olive, Boots, Garcia, Jean Lasbuth, et bien sûr le président et son adjoint étaient là. Winnie et LVS plaisantaient. Pino, en sueur, devant une assemblée au comble de l'excitation, demanda si chacun était partant pour l'Angleterre. Seul LVS vota "blanc". Un problème restait posé: comment le club allait-il financer les frais occasionnés par l'achat d'un jeu de maillots décent, de ballons, d'une trousse à pharmacie, et d'autres bricoles destinées à donner un standing correct à l'ASH. Une telle perspective refroidit un moment les esprits, mais Dragan, plus par spontanéité que réflexion, lança: "C'est très simple: Y a qu'à demander à la Gentilho'! Mort de rire!".

    Avis au lecteur: "Chacun a pu remarquer combien complexe s'avère la procédure de départ en Angleterre de l'ASH. Aussi, pour ne pas vous faire languir plus longtemps, et aussi puisque c'est un conte, nous n'allons pas vous raconter comment le club a passé un contrat de Sponsorat et Mécéning avec la Gentilho qui a affrété un car, comment Marius fut rappelé de Suisse grâce à une intervention de son ami Lasbuth, et comment se déroula le samedi soir. Venons-en plutôt au lundi matin, 24 décembre 1979"

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (part I)

     

    Président Jack, Paddington, London

    Pas un jour comme un autre... Fulgur a reçu une lettre du Lewisham FC avec les tickets de voyage, au nombre de 15. Une réunion extraordinaire a de nouveau lieu chez Jimmy après qu'on eût été chercher Marius à la gare (il se demandait encore si on ne lui avait pas fait une blague de -très- mauvais goût). L'équipe fut rapidement formée car l'ASH n'avait plus, loin s'en faut, l'embarras du choix. De plus, vu qu'il était précisé que le tournoi était ouvert aux moins de 22 ans, on se demanda si Le Vieux Sorcier serait de la fête. 8 joueurs furent donc choisis, dont 2 gardiens (Winnie, Dragan, Fulgur, Marius, LVS, Baader, Kermit, Swallow) qu'accompagneraient le président et son adjoint, plus 4 supporters (Olive, Boots, Garcia, Lasbuth). On ne trouva point de 9ème joueur. Ce fuit déjà une chance que Dragan le postier pût obtenir une semaine de congés.

    L'après-midi l'ASH s'en alla choisir son jeu de maillots aux magasins Jean (blancs, à parements rouges) et y fit floquer "la Gentil'hommière". Un jeu de survêtements fut adopté, plus 6 ballons (l'ASH n'avait que le ballon de soccer de Jimmy), 3 costumes pour Pino et Jimmy, 1 trousse à pharmacie "très spéciale", 8 sacs de sport rouge et blanc. Jimmy fit imprimer des fanions, soit au total la bagatelle de 4000 francs. La location d'un mini-car rouge et blanc ne posa aucun problème. Yan fut appelé pour servir de chauffeur. Il serait donc le 15ème.

    La veillée de Noël se déroula "au château" dans une ambiance très conventionnelle pour l'ASH et d'autant plus expansive. Olive alla se reposer sur un banc place de la Liberté. Le rendez-vous de départ ayant été fixé à 7 heures pétantes devant le château, chacun se coucha assez tôt, "les yeux encore emplis d'actions intenses", comme aurait dit Debe.

    La nuit de Noël fut parée des rêves les plus extraordinaires. LVS dit au-revoir à sa grand'mère qui lui prépara quelques sandwichs. Maman Boots tricota dans la nuit un cache-nez pour son fils. Dragan alla chez Lasbuth prendre quelques cartouches de Gitanes. Yan s'intéressa de près à la notice d'utilisation du car. A 6h30, Marius, Winnie, Kermit et Fulgur faisaient déjà les 100 pas devant la Gentil'ho. L'avenue Clémenceau était déserte. Il faisait encore nuit et un froid sec piquait le bout des oreilles.

    Le patron de la Gentilho (Carlo) s'entretint quelques instants avec notre Pino sapé comme un dandy en goguette sur la place rouge, avant que le commando de l'ASH ne s'engouffrât dans le car.

    Le "Cornouailles" quitta Roscoff à 9 a.m. Chacun fit voeu d'abstinence. Le car-ferry était presque désert. On joua aux cartes. Dragan fit les mots-croisés du "Télégramme". Swallow faillit avoir le mal de mer. Le magnétophone de Lasbuth laissait filtrer une musique qui entretenait l'enthousiasme. Fulgur et Jimmy entamèrent un journal de bord pour la rubrique "les 4 vents du sport" du Télégramme.

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (part I)

    Bientôt Plymouth fut en vue. Le car n'eut aucun ennui à la douane. L'ASH posait le pied en Angleterre. Marius lança un "Quand l'ASH ira en Angleter-reu... (elle enverra son équipe premièr-reu!)". Le voyage jusq'à Londres parut trop court tant l'atmosphère dans le car climatisé était délectable. De temps en temps une vanne était lancée, et Dragan entretenait l'euphorie.

    Yan, malgré ses lunettes, se perdit 2 ou 3 fois dans les faubourgs londoniens. Wimbledon, Crystal Palace, Charlton, Lewisham. Brighton Street était animée. Des colporteurs vendaient des programmes, quelques cars étaient garé devant le stade. Quelques passants applaudirent au passage du car. Le tournoi international faisait la fierté de l'endroit.

    Président Pino se chargea avec Jimmy des tracasseries administratives. Il rendit notamment visite à l'organisateur du tournoi (dessin de "Blanc" plus haut). Pendant ce temps, l'équipe était logée dans un cottage près d'un parc, "the auberge inn". Une autre équipe y était aussi installée: les écossais de Saint-Mirren, qui prenaient leur repas, plus jeunes, qui firent un large salut (quelques rires aussi). On montra les chambres: des cloisons en vieux bois, de la moquette, de grosses couvertures. Les supporters descendirent au bar se mesurer à quelques sympathisants écossais. Comme le stade était tout près, un petit tour s'imposait avant que la nuit de Noël n'enveloppât Londres. 

    Des jardiniers achevaient de soigner la pelouse. C'était un coquet petit stade à l'anglaise. Le gazon n'avait pas trop souffert des assauts de l'hiver. Pino rattrapa la troupe qui croisait les espagnols d'Alicante, pris en charge par 2 officiels: "Hé, les gars, ça y est: on joue demain... l'avant-dernier match de la journée, à 17h!

    - Mort de rire! lâcha Dragan. Et à qui aurons-nous affaire à repasser?

    - A des suisses, répondit Jimmy. Chenois que ça s'appelle. Vous connaissez?

    - Mais, vieux démon, c'est le club du bombardier du Forez...

    - Hervé Revelli!

    - Au moins, tu ne seras pas trop dépaysé, Marius", envoya Swallow. (Marius rentrait de Suisse, ndlr)

    Bronca générale. Baader déclara qu'il avait hâte de casser du suisse. Avant de rentrer, un programme complet du tournoi fut distribué à chacun. C'est avec curiosité que chaque "diable blanc" (le surnom des joueurs, avec "bohémiens) put découvrir la page consacrée à "the association sportive de l'Harteloire", avec à la clé la photo de l'équipe de la white selection demi-finaliste du tournoi du Kene (collège naval) 1979. Et un commentaire amusant (en anglais dans le texte): "l'AS Harteloire a été choisie par la FFF pour témoigner de la vitalité et de l'esprit sportif d'un club amateur moyen français. Venue de Brest en Bretagne, l'ASH alignera les joueurs suivants: (...). Particularités: l'équipe joue en blanc et est la plus âgée en moyenne du tournoi. Bienvenue à l'AS Harteloire et ses supporters".

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (part I)

     

    Supermac, Soho Market, London

    Les commentaires allèrent bon train. L'article consacré au FC Chenois donna confiance aux plus pessimistes, la moyenne d'âge de l'équipe n'étant que de 16 ans, bien que les suisses tinssent (tenissassent?) apparemment la comparaison physiquement. 

    Les joueurs retrouvèrent la chaleur de l'Aberge Inn. Olive, Boots, Garcia et Lasbuth chantaient au bar avec une demi-douzaine d'écossais, sous l'oeil bon enfant du bartender. Boots notamment lança quelques plaisanteries (bootades) qui semèrent l'hilarité chez les highlanders. Bientôt chacun fut introduit dans la salle à manger. Saint-Mirren ne jouait que le surlendemain et les joueurs conversaient avec leurs dirigeants, apparemment étonnés de la jeunesse de leurs homologues de l'ASH (président Jack et Jimmy).

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (part I)

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (part I)

     

    On mangea bien, même s'il n'y avait pas d'alcool sur la table. Au dessert, les écossais étaient déjà au pieu, ce qui fit dire à Boots "qu'ils ne gaspillaient même pas leur temps". Cette bootade fit rire Jean Lasbuth qui avait par mégarde cassé ses lunettes.

    Certains restèrent jouer aux cartes. D'autres regardèrent la télé. Les supporters sortirent faire la fermeture des pubs sous la conduite de Yan, sauf Boots qui, pris d'indisposition, monta dans sa chambre. Marius téléphona à la Gentilho pour confirmer aux châtelains, Georges et Lalu, que l'ASH était en Angleterre. A minuit, les supporters firent grand tapage en regagnant leur chambre. Puis le calme retomba sur l'hôtel. Les bohémiens passaient leur première nuit en Angleterre. Mais qui put dormir cette nuit-là, tant tout paraissait si "incredible"?

    Fin de la première partie du conte de Noël

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (part I)

     

    Président Jack et Jimmy (président du club des supporters de l'ASH) - Terminale A du lycée

    Conte de Noël: "Quand l'ASH ira en Angleterre" (part I)

     

    The Duke of Wellington, dans Wardour St, fief de l'ASH à Londres

    La rédaction tient à s'excuser d'avoir entraîné dans cette aventure des personnes qui ne le souhaitaient pas. Mais en même temps, c'est un conte d'il y a 42 ans...

    Ladislas Boszo, bar du musée, en terrasse (3°)


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  • La rue d'un autre âge (conte d'avant Noël)

     

    Dessin extrait de "la rue d'un autre âge", article paru dans "Le Mirror" (ou les échos de l'ASH an III), paru à un exemplaire le 15 décembre 1978, et dont voici pour la première (et dernière) fois la relecture:

    "Voici 30 ans que je n'étais revenu à Brest. Forte de ses 600 000 habitants, la cité du Ponant était hérissée de gigantesques gratte-ciels. Je descendai à l'Hôtel des Voyageurs. Je ne reconnaissais plus ma ville. La rue de Siam était devenue une artère à dix voies, la rue de Lyon était souterraine. On avait rasé l'église Saint-Louis.

    Je ne sais ce qui me poussa vers le quartier de l'Harteloire, qui lui non plus n'avait pas été épargné par le béton. Je descendais tristement une avenue gigantesque quand, soudain, j'arrivai à la hauteur d'une petite rue qui semblait épargnée par le temps. Une véritable rue du XXème siècle, pareille à celle que j'habitais à Saint-Marc dans le temps. Pétrifié mais heureux, je m'engageai dans la rue.

    Mais au fait, comment s'appelait-elle? Je regardai la plaque bleu-marine qui faisait ressortir en blanc "rue de l'ASH".

    La rue d'un autre âge (conte d'avant Noël)

    La rue d'un autre âge (conte d'avant Noël)

     

    Couverture du roman de Spider Robinson, "le bar du coin des temps", qui inspira l'article sur la rue d'un autre âge (le dessin de couverture est de Philippe Adamoff)

    "ASH"? Cela me disait quelque chose, mais sans plus. Au-dessus de la plaque, deux drapeaux en lambeaux, l'un représentant un diable blanc, et l'autre semblait-il une main brandissant un glaive. Ridicule, sûrement. Bizarre aussi...

    Au n°1, faisant coin, se tenait le magasin "Supermac Disc". J'aurais aimé y pénétrer, il y avait des posters de Led Zeppelin et Status Quo en vitrine, mais il était fermé le dimanche. Juste à côté, le bureau de tabac d'un autre âge portait encore la carotte rouge comme dans le temps: "Ché Dragan, ici on sert de la kro-bout'". C'est alors qu'un vieillard aux yeux brillants m'interpella: "Hé vous, ça vous épate de retrouver une rue comme ça, hein?"

    - Ah oui, incroyab'. Mais ces noms, Supermac, Dragan, ça me cause...

    - Ben oui. Vous avez dû vivre à l'Harteloire dans les années 1970. Ou vous étiez lycéen. L'équipe de foot du lycée bleu...

    - Mais c'est bien sûr: Supermac la terreur du Larzac, et Dragan qu'on appelait "la latte"!

    - Affirmatif! Ils habitent tous dans cette rue. Tenez, là c'est la maison de Président Jack: il a fait fortune et a racheté le vieux stade du Larzac (stade Foch) à la ville. Le diable gravé sur sa porte, il est plaqué-or! A côté, c'est l'agence Bombair qui affrète encore deux avions de Guipavas à Munich chaque semaine. Mais à son âge, il laisse plus ou moins tomber son agence, le Bomber.

     

    La rue d'un autre âge (conte d'avant Noël)

     

    Ah, voilà le "United Pub", un peu le poumon de la rue. Le poumon qui tousse! On y passe de la vieille musique (David Bowie, Cheap Trick, tout ça) et le patron y sert le "Fulgur express". Il y a même un comptoir en bois!

    Au n°11, le salon de coiffure de Marius, vous savez: l'ange blanc! (rires). La boutique est un peu décrépie, c'est qu'elle est fermée depuis deux ans. Le Marius, il passe son temps à raconter des histoires corses au pub.

    La rue d'un autre âge (conte d'avant Noël)

     

    On arrive au bout d' la rue. Dans cet immeuble de guingois, il y a trois lascars: au rez-de-chaussée, là où il y a ces rideaux vert-blanc-rouge, c'est la tanière de Winnie, l'idole du terrain d'la gare, qui fut prof d'italien au vieux lycée bleu de l'Harteloire jusqu'à sa fermeture. Au dessus habite Le Vieux Sorcier, toujours fourré au pub, et fameux joueur de billard. Et sur le même palier, c'est Béb' Mc Reno, vous savez ce joueur de rugby qui a donné le titre de champion de France à l'AS Brestoise..."

    La rue d'un autre âge (conte d'avant Noël)

     

    "Dragan" (arrière intraitable de l'ASH), extrait de l'article "un soir au United pub", paru dans le Blanc Magazine (le journal de l'AS Harteloire), édité à un exemplaire le 26 avril 1979. Les dessins qui suivent sont issus du même article)

    "Allez, on traverse! Cette maison blanche, au n°12, avec une sorte d'observatoire sur le toit, c'est celle de Flash, l'ancien arrière droit de l'ASH. Il passe son temps à regarder les étoiles et à tirer des plans sur la comète. Un peu zinzin...

    Mais sûrement pas autant que son voisin! Là, au 10, où flotte le drapeau américain, c'est la demeure de l'ambassadeur des USA à Brest. Enfin, c'est Jimmy (l'ancien président des supporters du club de l'Harteloire) qui le croit. Il va accueillir tous les bateaux américains qui accostent au port. Crazy le guy.

    La rue d'un autre âge (conte d'avant Noël)

     

    Buto

    Vous suivez toujours? Ok! Au 8, on trouve deux hallucinés: il y en a un qui s'est converti à une religion pakistanaise ou hindoue. Il a le crâne rasé à présent. Qu'est-ce qu'il tient! Choco joue du Patti Smith à la bombarde régulièrement au pub. L'autre halluciné a, par contre, les cheveux longs: il se prend pour Jésus! Mais, avec ses cheveux blancs, il ne trompe plus grand' monde.

    Au 6, c'est chez Buto-valab'-les-mecs!. Avant, il habitait l'étage, mais il a changé avec le colonel Debe qui n'arrivait plus à monter les escaliers. Le colonel n'est pas commode, m'a dit Buto. Avant, on l'appelait "Tête-de-boeuf". Maintenant c'est "Jambe-de-bois". C'est depuis qu'il a perdu sa jambe en Ukraine pendant la troisième guerre de Crimée. Ca l'a rendu irascible.

    La rue d'un autre âge (conte d'avant Noël)

     

    Debe

    On a presque fini: au n°4, c'est la bijouterie du trésorier Kermit. Il a fait faillite parce qu'il refusait de vendre ses pierres précieuses, de peur de faire une mauvaise affaire. Mais il reste le plus souple de tous ces p'tits vieux.

    On termine au coin d'la rue, en face de "Supermac Disc": c'est la station-service de Swallow, le garagiste en blouson d'cuir. "Mettez une hirondelle dans vot' moteur!", qu'il dit. C'est lui qui rit le plus fort au pub. Il a réparé le car acheté par Jean Lasbuth et, tous les dimanches, va sortir les vieux à la campagne. Ce n'est pas triste, à ce qu'on dit. C'est Johnny Boots qui se charge de l'ambiance. Aujourd'hui, ils sont partis pique-niquer sur le stade Arthur Aurégan, à Morlaix..."

    - "Fantastique!" que je dis. "Et ça se passe comment avec le voisinage?

    - Oh, les moins de 60 ans les prennent - à raison - pour des fous. Tenez: le 16 novembre dernier, ils ont fêté le 50ème anniversaire de leur unique victoire. Ils ont organisé un banquet à même la rue. La police a fini par les disperser au bout de la nuit. J'y étais, on s'est bien amusés. Mais je m'en vais vous laisser, j'ai suffisamment abusé de vot' temps...

    - En tous cas, merci. Monsieur...?

    - Olive! On m'appelle Olive. Allez, tchao mec!"

    Là-d'ssus, j'ai quitté la rue d'un autre âge, et je me suis replongé dans l'enfer de béton. 

    Les guirlandes annonçaient le Noël 2027. J'avais découvert que, perdue entre les gratte-ciels, une petite rue protégeait ses  habitants d'un autre siècle. Je serai de retour le 16 novembre de l'année prochaine, si Dieu me prête vie, comme on dit".

     

    La rue d'un autre âge (conte d'avant Noël)

     

    Fulgur

    Bon, c'est un conte, toute ressemblance...

    Sinon, Olive était à Bordeaux le 28 novembre pour voir la victoire du stad'. Et on a aperçu Fulgur qui sortait samedi matin de la boutique "2 euros" rue Jean Jaurès. Et ça, c'est pas un conte!

     

    La rue d'un autre âge (conte d'avant Noël)

     

    Président Jack

    Ladislas Boszo

     

    (la version initiale de l'article a été légèrement remastérisée)


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