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Old time Harteloire
La rue Latouche-Tréville il y a un siècle!
On avait promis qu'on terminerait la balade dans le Brest d'antan (voir l'article précédent) par le quartier de l'Harteloire, sûrement pas le plus beau ni le plus pittoresque de la ville, mais ce blog est celui des p'tits gars de l'Hartel', alors voici un dessin qui interpelle et mérite quelques commentaires.
D'abord, le grand merci va à Jean Le Goualch, qui fut un enfant de l'Harteloire lui aussi, né dans les années 1920, et a fait paraître des livres passionnants sur le vieux Brest. Dans l'un deux, une photo de la rue Latouche-Tréville (et non pas "La dégaine très urbaine", blague de l'époque) où il habitait, et dont est complètement inspiré ce dessin. Jean Le Goualch disait que sa chambre était celle d'où une couverture pend à la fenêtre.
Gros plan sur le quartier de l'Harteloire circa 1976-1983: zoomez en haut à gauche!
On n'a rien changé à la photo. Vous me direz (si vous connaissez l'Harteloire): "mais où est-on? Je ne reconnais rien."
Rien d'étonnant. Ce carrefour existe toujours: ici la rue Latouche-Tréville croise la rue Lannouron. Et la rue descend en pente raide jusqu'au bas de la rue Portzmoguer, près de la porte de la Brasserie, tout en bas. Les grands escaliers n'existaient pas. Le quartier en pente sera surélevé après guerre. On arrête là avec les considérations historiques en signalant juste deux choses: au début du siècle, il y avait le lycée Saint-Louis à la place de la gendarmerie de l'Harteloire (depuis détruite aussi, sauf sa façade), et la caserne Fautras à la place du lycée de L'Harteloire.
Les escaliers de la rue Latouche-Tréville en 2006
Alors, si l'on regarde le dessin et qu'on se place vers 1977, il y a la boucherie Cueff à l'emplacement de l'enseigne "Louarn". Et, plus haut côté gauche dans la rue (hors champ), on retrouverait la boulangerie Méar, où les écoliers, écolières, lycéens, lycéennes de Sainte-Anne et de l'Harteloire venaient acheter (et parfois chiper) des bonbons. Encore plus haut, non loin du grand escalier de granit du lycée de l'Harteloire, le bar Le Campus, avec son arrière-salle aux effluves de tabac, de vieux cuir, de cabigs humides et de patchouli. Le bar le Record, repaire des animaux sauvages, se trouvait quelques mètres encore plus haut, rue de l'Observatoire (vous le situez sur cette carte d'amateur?).
Dernière chose sur le dessin du vieux Brest: on n'a pas pu s'empêcher de glisser un anachronisme. En effet, trois gamins de l'Harteloire devisent au carrefour, à l'endroit même où ils traînaient après l'école vers 1977, contre le muretin et la grille de la gendarmerie, en fumant une clope. Les historiens ne savent pas exactement de quoi ils pouvaient parler. A 70% de foot (de l'ASSE, du SEC Bastia et de QPR). Il est aussi question de catch, et d'un combat à venir entre le dénommé Zarak et Monsieur Montréal. Une blague de Coluche ou de Pierre Péchin ("J'vais t'dire, Albert..."), deux "c'est valab'" et un "mort de rire"... L'un partira vers la rue du Bouguen, l'autre vers la rue Rémi Coppin. En fin d'article, on va les retrouver rue Portzmoguer...
On ne revient pas ici sur le bar "Chez Belda", point névralgique du quartier et sponsor de l'AS Harteloire dans les tournois inter-bars aux merveilleux souvenirs. Les souvenirs du lycée ont été aussi évoqués en mars dernier dans l'article "le grand retour au lycée bleu". On essaie de ne pas trop radoter (même si on radote, c'est obligé...)
"Chez Tintin" en avril 1995, au croisement des rue de l'Harteloire et Lannouron
Le foyer du lycée de l'Harteloire vers 1973-1974
Vous vous souvenez, les anciens, du foyer dans la cour, près du parking des vélos (pliants ou non) et mobylettes (Peugeot 102, 103, 104, Flandria, Solex, Honda amigo, Motoconfort, l'AV 88 de Motobécane ou Mobyx, Ciao, Cady et Comète 4). Les historiens pensent reconnaître un prof sur le dessin!: M. Sévellec?
Les 4ème 3 du lycée bleu de l'Harteloire saison 1972-73.
Les historiens disent que la prof de Français était Mme Rozenn, rue du Télégraphe. On ne donne pas de nom. Il y a Momo Cam, et Bobosse Bossénec, c'est sûr.
Cérémonie d'ouverture des révisions du Superbac 1978 rue Portzmoguer, avant le lancer des oeufs frais.
Petit Fulgur va prononcer le discours de la fenêtre de sa chambre. Dragan, Debe et président Jack sur le trottoir d'en-face...
Collector: le message du trésorier Kermit, annonçant sa probable venue au banquet de l'ASH en 1979
C'est tout pour aujourd'hui. Ah non, une dernière remarque. Le quartier de l'Harteloire est à présent ultra bétonné à l'emplacement de l'ilot de l'ancienne gendarmerie. Y z'auraient pu mieux faire...
Ladislas Boszo, au comptoir du Spot-Grill, rue Lannouron.
ladislasboszo.eklablog.com
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Commentaires
Salut Exodus! La couverture du Canard est formidable. Les dessins aussi. "Toute une époque" est-on tenté de dire, avec la dictature en Argentine, les disparus de Buenos-Aires, Kolweizi et Mesrine. Mais, au final, aujourd'hui c'est kif-kif. Pire même.
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ExodusMercredi 25 Octobre 2023 à 18:53
C'est raconté dans un autre numéro (11, 19 mai au 1er juin). "Surtout lorsqu'on est "jeune" dans les "nuits brestoises"..." Arf, arf, arf, queue de comète de la décennie post-68.
https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle_182/le__canard__de__nantes__a__brest__1978__na__11.pdf
Page 12.
"Brest :
Une bavure parmi d'autres
Incertaines, peu sûres, les nuits brestoises depuis deux mois ! Surtout lorsqu'on est jeune et qu'on a la dégaine un peu trop souple. « Les fauteurs de troubles ». La police qui, depuis le début de la
marée noire, multiplie les rondes, les vérifications d'identité dans certains bars de la ville et n'hésite pas, bien souvent, à utiliser la manière forte. Nous avons déjà relaté les brutalités dont certains jeunes avaient fait les frais au soir de la manif du 27 mars (CdNàB n°8). D'autres tabassages de ce type ont eu lieu depuis. Mais, pour le dernier en date, les coups ont porté un peu trop loin : il y a eu, comme on le dit pudiquement, quelques bavures. Souffrant d'une foulure à la cheville, d'une blépharite et d'une hyperthémie conjonctivale à l'oeil gauche au sortir d'une nuit au commissariat de la rue Colbert, un lycéen de 18 ans, A D, a porté plainte auprès du Procureur de la République.
L'affaire remonte à la nuit du lundi 1er mai au mardi 2. Il est 1 h. Trois jeunes bombent à la peinture sur les murs du stade de l'A.S.B. : « Argentine 78 – Berlin 36 ». Survient une voiture de police banalisée avec quatre personnes à bord..."
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La coupe du monde 78:
le__canard__de__nantes__a__brest__1978__na__12.pdf (idbe.bzh)
Ici aussi (BD, dernière page)
le__canard__de__nantes__a__brest__1978__na__13.pdf (idbe.bzh)
Dans un autre numéro, sur le même sujet de la coupe en Argentine, une histoire de graffiti anarchiste route de Quimper, dont l'auteur a connu un destin rocambolesque.