-
Par fulgur29 le 20 Décembre 2021 à 21:05
Couverture du magazine "BLANC", le journal de l'équipe de foot du lycée de l'Harteloire, paru à 1 exemplaire le 17 janvier 1980 et narrant sur 9 pages l'incroyable voyage de l'ASH en Angleterre. Ce périple d'un autre temps va vous être présenté en version remastérisée, en deux parties. Accrochez vos ceintures !
Extrait du "Blanc" n°42: "Quand l'ASH ira en Angleterre"
Il était une fois... un jour comme un autre. Un samedi 22 décembre. La veille une partie de l'ASH était à la Gentilho. Cinq ou six qui ont bien ri. Ils ont été manger des frites. Lasbuth a ramené Garcia chez lui. On a parlé de Marius parti en Suisse, de Dragan qui allait rentrer de Paris. "Une bonne soirée", se dit Fulgur". "Tranquille". Il se gratta la tête, mit ses chaussons et descendit voir s'il y avait quelque chose dans la boîte aux lettres. Midi sonnait à l'église Saint-Louis. Quelques prospectus... "Noël au Rallye". Et une lettre, une petite lettre blanche frappée du coq et de 3 "F". Une lettre qui allait bouleverser l'ASH, destinée au président de l'Association. "Encore une blague d'Olive", se dit Fulgur. Mais le tampon indiquait "Paris". C'était une lettre de la Fédération Française de football.
C'était écrit à la machine sur du papier de luxe. L'ASH était invitée à un tournoi international de foot à 7 à Lewisham dans la banlieue de Londres. Ca paraissait incroyable. La Fédé n'avait pas dû vérifier si l'ASH était inscrite sur ses registres et s'était basée sur ceux des préfectures. Ainsi, par un phénoménal concours de circonstances, le club était convié à une manifestation exceptionnelle, bénéficiant d'un geste de la Fédération envers les clubs amateurs.
Le tournoi commençait le... mercredi 26! Tout cela paraissait si extraordinaire. Fulgur mangea peu. A 14h, il retrouva l'ASH à la Gentilho.
Dragan manqua de renverser sa Carlsberg. Swallow relut la lettre trois fois et conclut: "C'est sûrement une blague". Et Olive d'ajouter: "N'importe comment, vous n'aurez jamais le temps de tout préparer. Il faut trouver 9 joueurs et Marius par exemple est en Suisse...". Président Pino passait par là et trouva l'ASH dans un état d'excitation bien anormal. Ce fut lui qui, après lecture de la lettre (qui lui était adressée), prit les choses en mains.
Pino téléphona à la Fédération et eut rapidement confirmation de la chose. A 17h, une réunion était organisée chez Jimmy, au-dessus de Kerinou. Dragan, Winnie, Fulgur, LVS, Baader, Kermit, Swallow, Olive, Boots, Garcia, Jean Lasbuth, et bien sûr le président et son adjoint étaient là. Winnie et LVS plaisantaient. Pino, en sueur, devant une assemblée au comble de l'excitation, demanda si chacun était partant pour l'Angleterre. Seul LVS vota "blanc". Un problème restait posé: comment le club allait-il financer les frais occasionnés par l'achat d'un jeu de maillots décent, de ballons, d'une trousse à pharmacie, et d'autres bricoles destinées à donner un standing correct à l'ASH. Une telle perspective refroidit un moment les esprits, mais Dragan, plus par spontanéité que réflexion, lança: "C'est très simple: Y a qu'à demander à la Gentilho'! Mort de rire!".
Avis au lecteur: "Chacun a pu remarquer combien complexe s'avère la procédure de départ en Angleterre de l'ASH. Aussi, pour ne pas vous faire languir plus longtemps, et aussi puisque c'est un conte, nous n'allons pas vous raconter comment le club a passé un contrat de Sponsorat et Mécéning avec la Gentilho qui a affrété un car, comment Marius fut rappelé de Suisse grâce à une intervention de son ami Lasbuth, et comment se déroula le samedi soir. Venons-en plutôt au lundi matin, 24 décembre 1979"
Président Jack, Paddington, London
Pas un jour comme un autre... Fulgur a reçu une lettre du Lewisham FC avec les tickets de voyage, au nombre de 15. Une réunion extraordinaire a de nouveau lieu chez Jimmy après qu'on eût été chercher Marius à la gare (il se demandait encore si on ne lui avait pas fait une blague de -très- mauvais goût). L'équipe fut rapidement formée car l'ASH n'avait plus, loin s'en faut, l'embarras du choix. De plus, vu qu'il était précisé que le tournoi était ouvert aux moins de 22 ans, on se demanda si Le Vieux Sorcier serait de la fête. 8 joueurs furent donc choisis, dont 2 gardiens (Winnie, Dragan, Fulgur, Marius, LVS, Baader, Kermit, Swallow) qu'accompagneraient le président et son adjoint, plus 4 supporters (Olive, Boots, Garcia, Lasbuth). On ne trouva point de 9ème joueur. Ce fuit déjà une chance que Dragan le postier pût obtenir une semaine de congés.
L'après-midi l'ASH s'en alla choisir son jeu de maillots aux magasins Jean (blancs, à parements rouges) et y fit floquer "la Gentil'hommière". Un jeu de survêtements fut adopté, plus 6 ballons (l'ASH n'avait que le ballon de soccer de Jimmy), 3 costumes pour Pino et Jimmy, 1 trousse à pharmacie "très spéciale", 8 sacs de sport rouge et blanc. Jimmy fit imprimer des fanions, soit au total la bagatelle de 4000 francs. La location d'un mini-car rouge et blanc ne posa aucun problème. Yan fut appelé pour servir de chauffeur. Il serait donc le 15ème.
La veillée de Noël se déroula "au château" dans une ambiance très conventionnelle pour l'ASH et d'autant plus expansive. Olive alla se reposer sur un banc place de la Liberté. Le rendez-vous de départ ayant été fixé à 7 heures pétantes devant le château, chacun se coucha assez tôt, "les yeux encore emplis d'actions intenses", comme aurait dit Debe.
La nuit de Noël fut parée des rêves les plus extraordinaires. LVS dit au-revoir à sa grand'mère qui lui prépara quelques sandwichs. Maman Boots tricota dans la nuit un cache-nez pour son fils. Dragan alla chez Lasbuth prendre quelques cartouches de Gitanes. Yan s'intéressa de près à la notice d'utilisation du car. A 6h30, Marius, Winnie, Kermit et Fulgur faisaient déjà les 100 pas devant la Gentil'ho. L'avenue Clémenceau était déserte. Il faisait encore nuit et un froid sec piquait le bout des oreilles.
Le patron de la Gentilho (Carlo) s'entretint quelques instants avec notre Pino sapé comme un dandy en goguette sur la place rouge, avant que le commando de l'ASH ne s'engouffrât dans le car.
Le "Cornouailles" quitta Roscoff à 9 a.m. Chacun fit voeu d'abstinence. Le car-ferry était presque désert. On joua aux cartes. Dragan fit les mots-croisés du "Télégramme". Swallow faillit avoir le mal de mer. Le magnétophone de Lasbuth laissait filtrer une musique qui entretenait l'enthousiasme. Fulgur et Jimmy entamèrent un journal de bord pour la rubrique "les 4 vents du sport" du Télégramme.
Bientôt Plymouth fut en vue. Le car n'eut aucun ennui à la douane. L'ASH posait le pied en Angleterre. Marius lança un "Quand l'ASH ira en Angleter-reu... (elle enverra son équipe premièr-reu!)". Le voyage jusq'à Londres parut trop court tant l'atmosphère dans le car climatisé était délectable. De temps en temps une vanne était lancée, et Dragan entretenait l'euphorie.
Yan, malgré ses lunettes, se perdit 2 ou 3 fois dans les faubourgs londoniens. Wimbledon, Crystal Palace, Charlton, Lewisham. Brighton Street était animée. Des colporteurs vendaient des programmes, quelques cars étaient garé devant le stade. Quelques passants applaudirent au passage du car. Le tournoi international faisait la fierté de l'endroit.
Président Pino se chargea avec Jimmy des tracasseries administratives. Il rendit notamment visite à l'organisateur du tournoi (dessin de "Blanc" plus haut). Pendant ce temps, l'équipe était logée dans un cottage près d'un parc, "the auberge inn". Une autre équipe y était aussi installée: les écossais de Saint-Mirren, qui prenaient leur repas, plus jeunes, qui firent un large salut (quelques rires aussi). On montra les chambres: des cloisons en vieux bois, de la moquette, de grosses couvertures. Les supporters descendirent au bar se mesurer à quelques sympathisants écossais. Comme le stade était tout près, un petit tour s'imposait avant que la nuit de Noël n'enveloppât Londres.
Des jardiniers achevaient de soigner la pelouse. C'était un coquet petit stade à l'anglaise. Le gazon n'avait pas trop souffert des assauts de l'hiver. Pino rattrapa la troupe qui croisait les espagnols d'Alicante, pris en charge par 2 officiels: "Hé, les gars, ça y est: on joue demain... l'avant-dernier match de la journée, à 17h!
- Mort de rire! lâcha Dragan. Et à qui aurons-nous affaire à repasser?
- A des suisses, répondit Jimmy. Chenois que ça s'appelle. Vous connaissez?
- Mais, vieux démon, c'est le club du bombardier du Forez...
- Hervé Revelli!
- Au moins, tu ne seras pas trop dépaysé, Marius", envoya Swallow. (Marius rentrait de Suisse, ndlr)
Bronca générale. Baader déclara qu'il avait hâte de casser du suisse. Avant de rentrer, un programme complet du tournoi fut distribué à chacun. C'est avec curiosité que chaque "diable blanc" (le surnom des joueurs, avec "bohémiens) put découvrir la page consacrée à "the association sportive de l'Harteloire", avec à la clé la photo de l'équipe de la white selection demi-finaliste du tournoi du Kene (collège naval) 1979. Et un commentaire amusant (en anglais dans le texte): "l'AS Harteloire a été choisie par la FFF pour témoigner de la vitalité et de l'esprit sportif d'un club amateur moyen français. Venue de Brest en Bretagne, l'ASH alignera les joueurs suivants: (...). Particularités: l'équipe joue en blanc et est la plus âgée en moyenne du tournoi. Bienvenue à l'AS Harteloire et ses supporters".
Supermac, Soho Market, London
Les commentaires allèrent bon train. L'article consacré au FC Chenois donna confiance aux plus pessimistes, la moyenne d'âge de l'équipe n'étant que de 16 ans, bien que les suisses tinssent (tenissassent?) apparemment la comparaison physiquement.
Les joueurs retrouvèrent la chaleur de l'Aberge Inn. Olive, Boots, Garcia et Lasbuth chantaient au bar avec une demi-douzaine d'écossais, sous l'oeil bon enfant du bartender. Boots notamment lança quelques plaisanteries (bootades) qui semèrent l'hilarité chez les highlanders. Bientôt chacun fut introduit dans la salle à manger. Saint-Mirren ne jouait que le surlendemain et les joueurs conversaient avec leurs dirigeants, apparemment étonnés de la jeunesse de leurs homologues de l'ASH (président Jack et Jimmy).
On mangea bien, même s'il n'y avait pas d'alcool sur la table. Au dessert, les écossais étaient déjà au pieu, ce qui fit dire à Boots "qu'ils ne gaspillaient même pas leur temps". Cette bootade fit rire Jean Lasbuth qui avait par mégarde cassé ses lunettes.
Certains restèrent jouer aux cartes. D'autres regardèrent la télé. Les supporters sortirent faire la fermeture des pubs sous la conduite de Yan, sauf Boots qui, pris d'indisposition, monta dans sa chambre. Marius téléphona à la Gentilho pour confirmer aux châtelains, Georges et Lalu, que l'ASH était en Angleterre. A minuit, les supporters firent grand tapage en regagnant leur chambre. Puis le calme retomba sur l'hôtel. Les bohémiens passaient leur première nuit en Angleterre. Mais qui put dormir cette nuit-là, tant tout paraissait si "incredible"?
Fin de la première partie du conte de Noël
Président Jack et Jimmy (président du club des supporters de l'ASH) - Terminale A du lycée
The Duke of Wellington, dans Wardour St, fief de l'ASH à Londres
La rédaction tient à s'excuser d'avoir entraîné dans cette aventure des personnes qui ne le souhaitaient pas. Mais en même temps, c'est un conte d'il y a 42 ans...
Ladislas Boszo, bar du musée, en terrasse (3°)
votre commentaire -
Par fulgur29 le 29 Novembre 2021 à 21:00
Dessin extrait de "la rue d'un autre âge", article paru dans "Le Mirror" (ou les échos de l'ASH an III), paru à un exemplaire le 15 décembre 1978, et dont voici pour la première (et dernière) fois la relecture:
"Voici 30 ans que je n'étais revenu à Brest. Forte de ses 600 000 habitants, la cité du Ponant était hérissée de gigantesques gratte-ciels. Je descendai à l'Hôtel des Voyageurs. Je ne reconnaissais plus ma ville. La rue de Siam était devenue une artère à dix voies, la rue de Lyon était souterraine. On avait rasé l'église Saint-Louis.
Je ne sais ce qui me poussa vers le quartier de l'Harteloire, qui lui non plus n'avait pas été épargné par le béton. Je descendais tristement une avenue gigantesque quand, soudain, j'arrivai à la hauteur d'une petite rue qui semblait épargnée par le temps. Une véritable rue du XXème siècle, pareille à celle que j'habitais à Saint-Marc dans le temps. Pétrifié mais heureux, je m'engageai dans la rue.
Mais au fait, comment s'appelait-elle? Je regardai la plaque bleu-marine qui faisait ressortir en blanc "rue de l'ASH".
Couverture du roman de Spider Robinson, "le bar du coin des temps", qui inspira l'article sur la rue d'un autre âge (le dessin de couverture est de Philippe Adamoff)
"ASH"? Cela me disait quelque chose, mais sans plus. Au-dessus de la plaque, deux drapeaux en lambeaux, l'un représentant un diable blanc, et l'autre semblait-il une main brandissant un glaive. Ridicule, sûrement. Bizarre aussi...
Au n°1, faisant coin, se tenait le magasin "Supermac Disc". J'aurais aimé y pénétrer, il y avait des posters de Led Zeppelin et Status Quo en vitrine, mais il était fermé le dimanche. Juste à côté, le bureau de tabac d'un autre âge portait encore la carotte rouge comme dans le temps: "Ché Dragan, ici on sert de la kro-bout'". C'est alors qu'un vieillard aux yeux brillants m'interpella: "Hé vous, ça vous épate de retrouver une rue comme ça, hein?"
- Ah oui, incroyab'. Mais ces noms, Supermac, Dragan, ça me cause...
- Ben oui. Vous avez dû vivre à l'Harteloire dans les années 1970. Ou vous étiez lycéen. L'équipe de foot du lycée bleu...
- Mais c'est bien sûr: Supermac la terreur du Larzac, et Dragan qu'on appelait "la latte"!
- Affirmatif! Ils habitent tous dans cette rue. Tenez, là c'est la maison de Président Jack: il a fait fortune et a racheté le vieux stade du Larzac (stade Foch) à la ville. Le diable gravé sur sa porte, il est plaqué-or! A côté, c'est l'agence Bombair qui affrète encore deux avions de Guipavas à Munich chaque semaine. Mais à son âge, il laisse plus ou moins tomber son agence, le Bomber.
Ah, voilà le "United Pub", un peu le poumon de la rue. Le poumon qui tousse! On y passe de la vieille musique (David Bowie, Cheap Trick, tout ça) et le patron y sert le "Fulgur express". Il y a même un comptoir en bois!
Au n°11, le salon de coiffure de Marius, vous savez: l'ange blanc! (rires). La boutique est un peu décrépie, c'est qu'elle est fermée depuis deux ans. Le Marius, il passe son temps à raconter des histoires corses au pub.
On arrive au bout d' la rue. Dans cet immeuble de guingois, il y a trois lascars: au rez-de-chaussée, là où il y a ces rideaux vert-blanc-rouge, c'est la tanière de Winnie, l'idole du terrain d'la gare, qui fut prof d'italien au vieux lycée bleu de l'Harteloire jusqu'à sa fermeture. Au dessus habite Le Vieux Sorcier, toujours fourré au pub, et fameux joueur de billard. Et sur le même palier, c'est Béb' Mc Reno, vous savez ce joueur de rugby qui a donné le titre de champion de France à l'AS Brestoise..."
"Dragan" (arrière intraitable de l'ASH), extrait de l'article "un soir au United pub", paru dans le Blanc Magazine (le journal de l'AS Harteloire), édité à un exemplaire le 26 avril 1979. Les dessins qui suivent sont issus du même article)
"Allez, on traverse! Cette maison blanche, au n°12, avec une sorte d'observatoire sur le toit, c'est celle de Flash, l'ancien arrière droit de l'ASH. Il passe son temps à regarder les étoiles et à tirer des plans sur la comète. Un peu zinzin...
Mais sûrement pas autant que son voisin! Là, au 10, où flotte le drapeau américain, c'est la demeure de l'ambassadeur des USA à Brest. Enfin, c'est Jimmy (l'ancien président des supporters du club de l'Harteloire) qui le croit. Il va accueillir tous les bateaux américains qui accostent au port. Crazy le guy.
Buto
Vous suivez toujours? Ok! Au 8, on trouve deux hallucinés: il y en a un qui s'est converti à une religion pakistanaise ou hindoue. Il a le crâne rasé à présent. Qu'est-ce qu'il tient! Choco joue du Patti Smith à la bombarde régulièrement au pub. L'autre halluciné a, par contre, les cheveux longs: il se prend pour Jésus! Mais, avec ses cheveux blancs, il ne trompe plus grand' monde.
Au 6, c'est chez Buto-valab'-les-mecs!. Avant, il habitait l'étage, mais il a changé avec le colonel Debe qui n'arrivait plus à monter les escaliers. Le colonel n'est pas commode, m'a dit Buto. Avant, on l'appelait "Tête-de-boeuf". Maintenant c'est "Jambe-de-bois". C'est depuis qu'il a perdu sa jambe en Ukraine pendant la troisième guerre de Crimée. Ca l'a rendu irascible.
Debe
On a presque fini: au n°4, c'est la bijouterie du trésorier Kermit. Il a fait faillite parce qu'il refusait de vendre ses pierres précieuses, de peur de faire une mauvaise affaire. Mais il reste le plus souple de tous ces p'tits vieux.
On termine au coin d'la rue, en face de "Supermac Disc": c'est la station-service de Swallow, le garagiste en blouson d'cuir. "Mettez une hirondelle dans vot' moteur!", qu'il dit. C'est lui qui rit le plus fort au pub. Il a réparé le car acheté par Jean Lasbuth et, tous les dimanches, va sortir les vieux à la campagne. Ce n'est pas triste, à ce qu'on dit. C'est Johnny Boots qui se charge de l'ambiance. Aujourd'hui, ils sont partis pique-niquer sur le stade Arthur Aurégan, à Morlaix..."
- "Fantastique!" que je dis. "Et ça se passe comment avec le voisinage?
- Oh, les moins de 60 ans les prennent - à raison - pour des fous. Tenez: le 16 novembre dernier, ils ont fêté le 50ème anniversaire de leur unique victoire. Ils ont organisé un banquet à même la rue. La police a fini par les disperser au bout de la nuit. J'y étais, on s'est bien amusés. Mais je m'en vais vous laisser, j'ai suffisamment abusé de vot' temps...
- En tous cas, merci. Monsieur...?
- Olive! On m'appelle Olive. Allez, tchao mec!"
Là-d'ssus, j'ai quitté la rue d'un autre âge, et je me suis replongé dans l'enfer de béton.
Les guirlandes annonçaient le Noël 2027. J'avais découvert que, perdue entre les gratte-ciels, une petite rue protégeait ses habitants d'un autre siècle. Je serai de retour le 16 novembre de l'année prochaine, si Dieu me prête vie, comme on dit".
Fulgur
Bon, c'est un conte, toute ressemblance...
Sinon, Olive était à Bordeaux le 28 novembre pour voir la victoire du stad'. Et on a aperçu Fulgur qui sortait samedi matin de la boutique "2 euros" rue Jean Jaurès. Et ça, c'est pas un conte!
Président Jack
Ladislas Boszo
(la version initiale de l'article a été légèrement remastérisée)
votre commentaire -
Par fulgur29 le 9 Novembre 2021 à 15:38
Les bohémiens de l'Association Sportive du lycée de l'Harteloire, saison 1977-1978. Photo prise après la défaite 5-6 contre le lycée de Morlaix au stade Arthur Aurégan, après le plus beau match que livra cette équipe éphémère. De gauche à droite:
Debout: Yann "Buto" Pavy - Bertrand "Choco" Léon - Philippe "Winnie" Rolland - Bruno "Flash" Vignon - François "Kermit" Le Goaziou (goal) - Didier "Dragan" Brossel
Accroupis: Pierre "Marius" Gouton - Claude "Debe" Castel - Joël "Jésus" Kerleroux - Frédéric "Bomber" Phillips - Claude "Fulgur" Kervern.
Bon, on avait dit qu'on n'allait pas jouer sur la corde de la nostalgie ad vitam aeternam, mais le 44ème anniversaire de la victoire consécutive approche (reportage en fin d'article), et surtout, les historiens ont exhumé des sous-sols poussiéreux du musée des grandes équipes disparues de Bratislava (le MUGED) la cassette de l'ASH Group, enregistrement unique du 29 décembre 1978!
Ci-dessus, la jaquette de la cassette du Live de l'ASH Group, enregistré sur la face 2 d'une K7 BASF de 90 mn. Le 29 décembre 1978, durant les vacances de Noël et pendant la période du stage de foot du terrain de la gare, dix gaillards, pour la plupart nouveaux étudiants après l'obtention du super-bac 1978, se retrouvèrent dans la chambre de Fulgur à l'Harteloire pour enregistrer au pied levé l'improbable disque "Whites in show".
Bon, on va être honnête, on n'a pas encore réécouté l'enregistrement, la cassette étant en cours de restauration avec les historiens, qui sont en train de la remonter jusqu'au début avec un crayon. Et, avouons-le, il faut une certaine préparation psychique pour réentendre le Vieux Sorcier Yvinec dans "Adada". Le tube "Winnie Rolland forever", sur l'air de "Strawberry fields" ouvre l'album. "Here's to you Choco, Culbuto", autre hit emprunté à Joan Baez interpelle aussi. Promis, on vous en reparle si les historiens parviennent à rendre la piste audible!
Patchwork nostalgique en noir et blanc. Le gardien dans les airs, c'est Kermit, tiré en plein vol avant un match au tournoi du Kene (entendez: "Collège Naval"). En bas, croqués de gauche à droite: LVS Yvinec, Dragan Brossel, Supermac Le Guen
Patchwork de photos! En haut, Supermac à Plymouth (ASH Tour 08/1979), Dragan en mars 1981 (avec Angus Le Moal à droite). Dragan encore, avec son maillot de l'ASH, sur le Larzac Ground. Président Jack et Jimmy Poncey (vice-président de l'ASH) à Stonehenge en février 1978 - Jimmy Poncey dans le port de Plymouth en février 1978 - Johnny Boots au réveillon 1979 - Swallow Suaud (gardien de l'ASH saison 1) et Garcia Lotrian dans l'arrière-salle de la Gentilho (JD Lasbuth Le Got de dos) durant l'hiver 80/81 - Fulgur Kervern et Yan Le Moing écoutant "Love her madly" ou "Heroes" durant le réveillon 1978 - Marius Gouton, "l'ange blanc" de l'ASH (en comparaison avec Rocheteau, "l'ange vert" de l'ASSE), réveillon 1979
Fin du patchwork "Memory Lane": John Boots à "la Chaumière" rue Emile Zola à Brest (qui vient de fermer en 2021) le 10 septembre 1979 - Olive Bomon faisant "tuuuut" au réveillon 1979-1980 - Marius et Fulgur avec le chien Pitou le 18 mars 1980 (il y avait au mur de la chambre un poster de Blondie (Best Magazine) - Winnie Rolland, Hubert Mc Reno et Supermac le Guen, rue Voltaire le 21 septembre 1978 (à 18h15, assurent les historiens), après l'accueil de Marius au train, miraculé du Superbac 1978 ("Le plus dur du siècle", avait dit Jean-Paul Sartre, qui tenait alors une épicerie au centre-ville) -Tête-de-boeuf Castel sous les couleurs de l'ASH au Larzac (encore appelé "Maracanar"). Le dessin au centre est un hommage à Clo-Clo, décédé le jour des 18 ans de Fulgur.
Ps: on nous fait remarquer qu'il y a peu de filles prises en photo dans cette "légende de l'ASH". Parti-pris assumé, avec les filles, c'est parfois, heu, compliqué ☺
Pastiche de Dragan en Lou Reed, en couverture de "Mirror, ou les échos de l'ASH an 3", paru à un seul exemplaire le 5 février 1979. Nota: c'est un pastiche, l'ASH ne touchant pas à la kro en poudre.
Toujours issu du Mirror n°15 du 15 février 1979: pastiche de Buto Pavy en Fonzie des "jours heureux" ("Happy days"), et publicité pour le dernier 45 tours de Swallow (après "Bergot's burning")
Swallow Suaud (goal de l'ASH an 1), fan des Ramones et des Boomtown Rats, dessiné en Lou Reed avec des paroles du Velvet, toujours dans le magazine Mirror n°15 du 5 février 1979 édité à 1 exemplaire par la"Go the whites international")
Allez, si on ne ressort pas cette année le crampon de Swallow qui a joué le match de la victoire "consécutive" (en référence au challenge "Ackermann" de l'époque qui offrait une bouteille au club alignant trois victoire à la suite), ledit crampon n'étant montré au public que tous les 20 ans, soit la prochaine fois le 16 novembre 2027 avec défilé des bannières sur la piste d'athlétisme autour du Larzac Ground de l'avenue Foch, (respiration: la phrase est longue) on vous re-publie ci-dessus pour le plaisir l'une des évocations officielles (certifiées par les historiens, si pointilleux oh la la) du match héroïque des bohémiens de l'AS du lycée de l'Harteloire ce mercredi après-midi de novembre, dans le bourbier du Larzac Ground. "Blood and guts", dirait Dragan, qui aimait bien lire Blueberry.
Bon, "la route est longue qui serpente devant nous, mais bon voyage à l'ASH. Amen"
Ladislas Boszo, terrasse du bar "le Pacha", rue Robespierre
votre commentaire -
Par fulgur29 le 26 Septembre 2021 à 18:28
Brest dans les années 1980! Et on commence avec ce superbe dessin de Gaby Carval qui nous montre un Kérinou juste avant sa rénovation (ratée. Le quartier est toujours aussi enserré et les nouveaux bâtiments paraissent déjà vieux)
Ce blog ressasse à l'envi l'histoire éphémère (1976-1978) de l'équipe de foot du lycée de l'Harteloire à Brest. D'accord, on est parti un peu dans tous les sens. Mais on ne s'est pas beaucoup aventuré dans les années 1980. Parce qu'on était définitivement des gamins des années 1970, Pompidou, Giscard, Coluche, Eddy Merckx, Luis Ocana (merci Marius!), Mort Schuman, Cloclo, Patrick Juvet, les Beatles (oui, dans les années 70 aussi), Deep Purple, Slade, Kraftwerk, Marie-Paule Belle et tout-çà. Et puis Alan Stivell à l'Olympia aussi.
Alors, quand ils ont descendu une dernière fois les escaliers de granit du lycée, qu'ont-ils fait ces gamins (une quarantaine affiliée à l'ASH en 1978), et les filles qui avaient leur carte de supportrice et participaient au tirage mensuel du paquet de bonbon "Kréma" (pour attirer les filles, les bonbons c'est pas mal)?
Ce blog vous a montré qu'ils ont un temps fait la fête, et qu'ils se sont envolés tous azimuts. Si bien qu'au crépuscule des années 1980, la plupart avait quitté Brest. Restaient Swallow, Jean Lasbuth, John Boots, Fulgur, Yan, Marius... (liste non exhaustive).
En 1997, un repas eut lieu au Relecq-Kerhuon pour les 20 ans de "la victoire consécutive" du club. On sait aujourd'hui qu'il n'y aura pas d'autre réunion. Ce blog revient juste sur quelques bons moments.
La Fac! Après le superbac 1978 ("le plus dur du siècle", déclara Jean-Paul Sartre), plusieurs joueurs de l'ASH s'y déversent, certains suivant juste les autres. Buto Pavy, capitaine de l'équipe AS Fac de sciences, remporta le championnat universitaire en février 1979. En Fac de sciences, également Winnie Rolland et Marius Gouton. A Supdeco, Swallow Suaud (Bac 1977). En Fac de Droit, le président Jack, Steve Rébillard, Fulgur Kervern... Les profs de Fac étaient parfois des stars: M. Baguenard en droit constitutionnel, qui faisait la promo de son dernier bouquin, et l'inénarrable M. Tripier et son "lit de justice". Il y avait même un prof qui venait de Clermont-Ferrand par avion dispenser ses cours une fois par semaine...
La Fac et ses couloirs froids, et les avions en papier qui voletaient parfois dans le grand amphi.
Le CFM dépôt! Après le lycée (pour les garçons du moins), il y eut pour certains la Fac (ou l'arsenal, ou la poste, ou les USA et l'Afrique), mais pour tous (sauf erreur), les douze mois de service militaire. Et, pour ceux qui avaient coché "marine", le passage au centre de formation de la Villeneuve, niché non loin du pars des expositions de Penfeld (commune de Guilers). Quelques balades en bateau pour faire de ces gamins des hommes, des vrais. Et embarquer sur "la Durance" ou "le Vauquelin".
Et le foot à Brest dans tout ça? A l'initiative du journal "Le Télégramme", est organisé le samedi 10 mai 1980 un Brest-Nottingham Forest juste avant la finale de Coupe d'Europe que Forest allait remporter contre Hambourg. Le stade Brestois, renforcé par des pointures comme Marius Trésor et Pilorget, s'inclinera 1-0. Les matchs amicaux...
Sinon, une figurine "panini" de 1981, un joueur lyonnais qui deviendra entraîneur du Stade brestois, avec au bout la jolie montée de 2019. C'est déjà si loin, le Covid a chamboulé l'espace-temps.
Dans les années 1980, le Brest Armorique va faire une belle pige en première division (avec Buscher, super attaquant trop vite oublié, et Bureau, l'attaquant le plus rapide vu à Brest), descendant pour offrir une montée en 1989 après des barrages inoubliables contre Le Havre, les crocodiles nîmois et Strasbourg (Bouquet et compagnie).
Une apparition de l'ASH le 14 mai 1980 au tournoi du Kene (l'équipe manqua la finale à la différence de buts, battue 3-2 par le lycée naval, et vainqueur de Maistrance 2-1. "On s'en fout", dîtes-vous, mais les historiens insistent): accroupis, le goal Kermit Le Goaziou (trésorier de l'ASH), Marius Gouton (maillot de QPR) et Fulgur (maillot de Chelsea). Debout: Cliff le bassiste (maillot de l'équipe de volley de l'Harteloire 1976), Popaul Quérel (PL Guérin et maillot du PLG!), Philippe Synaeghel Briquet le divin gaucher (PL Guérin) et Bertrand Yvinec, "le vieux sorcier" (terrain de la gare).
Après le lycée, les ex-joueurs de l'association sportive de l'Harteloire participèrent à différents tournois, souvent "inter-bars", jusqu'en 1984 environ.
Coucou Marius! Coucou "le vieux"!
Quelques cartes de visite des années 1980! A la Brocherie, près des halles Saint-Louis, on s'envoyait un T-bone steack avec des frites. Et puis un Côtes-du-Rhone avec. Le "Soulier d'or", ainsi appelé parce que Milan Radovic, du stade brestois, avait été une saison meilleur buteur européen, et avait ouvert ce bar (avec "Lalu" Chevance derrière le comptoir). Le "Windsor Arms", bar guindé de la rue Pasteur, près du resto "Chez Peppino": il y avait une armure à l'entrée du bar. Sinon, la Chaumière, que l'on pensait immortelle, vient de changer d'enseigne en 2021.
Extrait du journal "Le Télégramme", années 1980. Sans commentaire.
Le Nautilus! L'ouverture de la boîte de nuit au sous-sol de l'hôtel Océania en plein centre-ville (rue de Siam), attira les noctambules sans voiture pour lesquels Guipavas (le "Mélo", "la Forge") était soudain devenu destination lointaine. Bon, le Nautilus, c'était un brin trop pépère, on y entendait plus le Top 50 que le rock du Mélo, mais on était peinard au bar à écouter Tina Turner et à regarder les poissons dans l'aquarium. Et, question ambiance, y avait pas de vagues... On était bien dans les années '80.
Le tout-Brest y débarquait, des musiciens aussi qui allaient faire connaître la scène brestoise dans les années '90 (dont les "locataires")
Couverture du magazine brestois "Rumeurs" en 1984. Superbe dessin de JP Mellouët. On a recherché en vain la couverture avec Bébel... On trouvait les posters sur les murs du bar "les Fauvettes" (Gainsbourg au fond).
Pub dans le magazine "Rumeurs" de 1984. On est dans les années 1980, il n'y a pas de doute. Il y a du hashtag dans l'air! "Ma bagnole, elle en a sous l'capot!"
Quelques concerts à Brest et alentour, années 1979 à 1989. Madeleines de Proust? Votre concert préféré? (ne dîtes pas Dire Straits 1985, avec le drame du Heysel!)
Carte postale éditée par la mairie de Brest (Pierre Maille) fin 1989, annonçant les années 1990. La fête maritime "Brest 92" allait changer l'humeur de la ville et le rapport des habitants à celle-ci, en même temps que l'équipe de foot s'effondrait.
Les Hot Bugs à Vauban! Quel souvenir!
Pour finir avec un sourire, un hommage de Lefred-Thouron à l'athlète Antoinette Pozzo Di Borgo, trop vite oubliée.
Ladislas Boszo
10 commentaires -
Par fulgur29 le 16 Septembre 2021 à 16:18
L'Hôtel des bains à Brignogan, années 1960-1970. Le bar ("la Meuse"), c'était le "Mor-Héol (avec un "h" nous semble-t-il, et pourtant), aussi appelé "chez Max", avec une salle à l'arrière qui faisait "dancing" le soir. On ne dira pas "boîte de nuit", il n'y avait qu'une grosse enceinte, qui crachait "Rebel, rebel" ou "les murs de poussière".
Il y a des brestois qui ne connaissent pas Brignogan, petite station balnéaire au coeur d'un pays pagan rural. Les blooks!
Brignogan, ses villas un rien bourgeoises début XXème siècle posées au bord de la baie, comme un écrin. Mais surtout un terrain de foot (ouais!) juste à côté du camping, quelques bars, un resto. Il n'en fallait pas plus pour que les gamins de l'ASH en fîssent (?) leur villégiature durant l'été 1979.
Brignogan, on y arrivait de Lesneven, en car (bleu?) ou en stop. Il y avait cette longue ligne droite (la rue du Général de Gaulle) bordée de maisonnettes années 30, et puis la côte menant au centre névralgique du bourg: le bar "le Mor-Héol", la pension de famille et la Poste (ou la mairie?). On disait que le chanteur Jean-Michel Caradec ("ma petite fille de rêve", "île", qui décédera accidentellement en 1981...) fréquentait la pension de famille, à droite dans la côte. On disait, mais on n'était pas du coin. Sauf Debe Castel (série B au lycée de l'Harteloire, avant-centre de l'ASH), dont les parents avaient une maison dans la rue qui descendait au bazar "Ty trouve-tout". Ah, quel bazar! Avec les râteaux pour la pêche aux coques, les bateaux gonflables finamix 3, les seaux en plastique, les bouées multicolores, les souvenirs bretons...
Samedi 4 août 1979: retrouvailles devant la Poste de Brignogan (en face du Mor-Héol) avant le dîner prévu à la Corniche pour les 20 ans du gardien Swallow Suaud (goal de l'ASH durant la saison 1976-1977, celle de toutes les tempêtes). Fulgur, avec son éternel pull bleu, serre la main au Tchèque Taburet. Assis, Marius et le moustachu Garcia Lotrian. Les invités au repas arrivaient en car, en stop, rarement en voiture.
Ce samedi 4 août, c'est après le mariage de Tit Mich' Cajan avec la soeur de Dragan, l'arrière intraitable de l'ASH, Monsieur "coup d'boul', portefeuille, caniveau (au mariage: Momo Cam qui refusa de rentrer dans l'église, et Tit Cléach qui devint prof de gym à l'Harteloire). Swallow a 20 ans, alors, les invités déboulent. Olive Bomon avec sa Yamaha 125, John Boots en Simca, Yan avec la voiture de son père. On reconnaît Dragan, Hubert Mc Reno, Nadine, Anne, Kerboul, et "un copain de Yan". Là, on sursaute. Tout le monde ayant systématiquement un surnom, sauf si le nom prête déjà à sourire ("Kerboul"), que signifie "copain de Yan"? Les historiens donnent leur langue au chat.
Du dîner à la Corniche, on ne reviendra pas sur tout (déjà compté maintes fois dans ce blog). Néanmoins, ce fut bien Johnny Boots qui reconnut Dragutin Vabec attablé dans un coin avec son imprésario, grignotant des fruits de mer. Drago Vabec venait de signer au Stade Brestois. La tablée de l'ASH lui réservant une ovation, l'imprésario du virtuose croate offrit deux (et non trois) bouteilles de vin rouge aux Bohémiens de l'Harteloire, ce qui leur fit leur fromage. La soirée se termina sur le dance floor (joli plancher) du Mor-Héol.
Les historiens précisent que l'ardoise du repas s'éleva à 392 francs "grâce à une erreur du restaurant en notre faveur" (il y a erreur, là, ça fait 28 francs par tête de pipe, même pas le prix d'une cassette à la Sonothèque: 37,50 francs!). Yan et Garcia confectionnèrent de faux tampons permettant l'entrée gratuite en boîte (Garcia était venu en juillet en repérage). Yan se leva à 18 heures le lendemain (note des historiens).
Couverture du journal "Blanc" n°39, couvrant la période du 25 août au 20 septembre 1979. Le journal a servi aux historiens pour reconstituer les tribulations picaresques de l'ASH (Association Sportive du lycée de l'Harteloire à Brest) durant l'été 1979.
L'air iodé de Brignogan ayant émoustillé certains, une semaine de préparation à la rentrée sportive fut organisée au début du mois de septembre 1979. A 14h tonnantes le lundi 3, la voiture de Johnny Boots cueillit Swallow, Olive, Marius et Fulgur devant chez ce dernier, à l'Harteloire. La voiture de John Boots, "aisément reconnaissable au fait que le siège du conducteur est reculé au maximum".
Les historiens rappellent que "la traversée de localités telles que Plabennec ou Lesneven déclenchèrent des ovations hilarantes assaisonnées d'échantillons musicaux", tel "Aline". Bientôt, Brignogan se profila, de plus en plus proche, si bien qu'à force de rouler ils y arrivèrent. Bien vite, le gang des 5 se rendit compte que la bourgade n'avait plus l'animation de l'été (night-club fermé). C'est donc un rien dépités que les tentes au camping municipal ils plantèrent. Les historiens précisent que ce lundi soir-là, ce fut raviolis, et que "le gang avait soif".
Vue aérienne de la baie de Brignogan, perle du pays pagan. Légèrement à droite du "D" de "crapaud", on aperçoit le rectangle vert du terrain de foot de Keravézan. Le camping jouxtait le terrain de foot. Le resto "La Corniche", où l'ASH rencontra Drago Vabec, se trouve au bout du "E" de "baie".
Le soir venu, on les vit dans un bar qu'ils dénommèrent "chez Rufus", le barman ayant une vague ressemblance avec l'acteur chauve des années '70 (Marius assure: "c'était son portrait tout craché"). Ce bar se trouvait à peu près à l'emplacement actuel de la pizzéria "Calzone" à l'entrée du bourg. Puis, indécrottables garnements, ils s'en vinrent nuitamment beugler "Le K-R, Le K-R, tralalalalère" sous les fenêtres de la boucherie du sus-nommé. Le boucher entr'ouvrit un volet et ferma le clapet du gang des 5, qui n'eut plus qu'à retrouver, penaud, le chemin du camping.
La déambulation nocturne aurait pu s'arrêter là si n'avait été remarquée de la lumière au club nautique niché au bord de la plage du crapaud. Nos cinq gamins s'y invitèrent et partagèrent la fin de soirée avec des voileux locaux, en s'inventant membres du club nautique de Camaret (John Boots se prétendit "barreur").
Notons que le lendemain, le gang des 5 se présenta à la boucherie en fin de matinée, en quête de cochonnaille. Le boucher, superbe, leur décocha: "Alors, ça va mieux, les gars?"
Johnny Boots au camping de Keravézan le 4 septembre 1979. Les historiens ont noté que le double toit des tentes canadiennes pouvait abriter la cave du campeur des seventies.
Le soleil était haut, la plage était proche, France-foot et Hara-kiri avaient été livrés. Quelques tirs sur le terrain de foot, l'impact d'un ballon sur la transversale, une tentative de lob sur Swallow. Fascination pour un but avec un filet.
Néanmoins, Brignogan étant décidément "bourg mort" en ce début septembre, les derniers garçons de l'été décidèrent de migrer vers Plouguerneau, 20 km plus à l'ouest, la serveuse de l'Amical Bar étant une connaissance de John Boots (note des historiens).
Le juke-box passait du T-Rex. Certains dormirent dans la 4L fourgonnette d'un mareyeur garée sous l'église.
Ensuite, les historiens perdent la trace des cinq jeunes bohémiens qui bouclèrent ainsi les trépidantes années '70, dans l'été indien du pays pagan. Il fallait bien que jeunesse (se) tasse. Il allait bien falloir grandir. Ou pas.
"T'as pas la bouche rouge,
t'as pas les yeux charbon noir
t'as pas les ongles peints, t'es naturelle.
(...) Ma petite fille de rêve,
même si tu veux pas, je t'enlève"
Jean-Michel Caradec
Chorale d'un instant quelque part à Plouguerneau: Marius (à moitié coupé sur la photo, c'est la faute à Olive), Fulgur, John Boots et Swallow. Sans doute entonnent-ils un cantique breton.
PS: on nous dit: "on n'a pas vu Olive!". Promis, on cherche une photo de lui, certifiée 1979!
Joli dessin du Café du port, niché tout au fond de la baie de Brignogan. Juste à droite du bar partait un raccourci vers le terrain de camping de Keravézan
"Et pour t'en finir", comme disait Marc Ar Moal ("Angus"), on a retrouvé dans nos archives (ce blog publie 95% de ses illustrations à partir de ses archives, avec une équipe d'historiens rattachés au Musée des grandes équipes disparues, le fameux MUGED de Bratislava, aujourd'hui fermé à cause d'une inondation). Alors, le "Castel Régis", joyau de la baie de Brignogan, où furent célébrés tant de mariages, réveillons et fêtes païennes dans les années '60 et '70 (même '80). Le Castel Régis, avec la salle de restaurant qui léchait presque la plage et ses rochers ronds. Son mini-golf qui électrisait les enfants, tellement heureux d'avoir un Disneyland dans le jardin. Fulgur se souvient qu'il y a fait son premier double noeud à sa chaussure (note des historiens). Le Castel-Regis montrait bien que Brignogan, c'était différent, plus chic que les autres communes alentour, restées rurales, du Vout Lavengat au Curnic, en passant par Men Bleiz (à L'Aber Wrac'h, la "Baie des Anges " disait pareil: la classe au bord de la mer).
Au milieu des 45 tours de l'ASH, les historiens ont retrouvé un morceau de facture du camping de Keravézan, en juillet 1979!
Bonus! Pour les fans: photo de Winnie Rolland (en bob sous le maillot de l'Inter) avant un match contre l'Atlético Madrid de Ruben Ayala. Et, cerise sur le gâteau, missive de Supermac à Fulgur avant le match Brest-Saint Etienne du 11 septembre 1979! 35 francs la place debout à l'Armoricaine (dans les "populaires"). Les verts allaient gagner 2-0 devant 15591 spectateurs (buts de Rocheteau et Johnny Rep). Platini, Larios, Zimako. Vabec fit des misères à Janvion. Kéru jouait...
Ladislas Boszo, à la terrasse du Ty-Pikin
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique