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Par fulgur29 le 5 Janvier 2023 à 22:43
Résurrection de la boutique "Jean Lars" des années 1970 rue de Lyon début décembre 2022
C'était début décembre 2022 rue de Lyon, entre les rues Duquesne et Kéréon. Une boutique refaisait sa devanture, et soudain réapparut comme un fantôme celle de la boutique "Ouest-Sport" de Jean Lars, la figure de l'AS Brestoise, le club des "bleus de France" qui tint à Menez-Paul jusqu'à la fin des années 1960 la dragée haute au stade brestois de l'Armoricaine. Incroyable roulade en arrière dans le temps, non?
On est resté scotché. On y achetait nos godasses Puma marron (moches comme des péniches), et les survêtements bleu roi Le Coq Sportif (avec le logo triangulaire sur la poitrine). Après, la famille Lars allait déménager sa boutique et monter en gamme rue de Siam, avec les filles à la rescousse. La devanture du temps jadis n'est restée que quelques petits jours à la vue des passants...
Purée, on s'est dit. On a ouvert une brèche dans l'espace-temps, alors autant en profiter! Alors on a déambulé dans cette partie précise de la rue de Lyon, partant des halles Saint-Louis vers l'hôpital maritime, et pas ailleurs. On ne se disperse pas. (pour les lointains passagers, on est à Brest, la ville à l'ouest).
Malheureusement, on n'a pas obtenu l'aide des historiens, souvent d'un grand secours, 40 ans et plus après. Car, début janvier, à l'instar de Polanski, les historiens sont à la neige. Les plus pointilleux d'entre vous excuseront je l'espère les approximations. Y avait-il déjà la belle maison Beauvillain (arts de la table) à l'angle de la rue Kéréon? En tous cas après, "Brest-philatélie". Avec le catalogue Yvert et Tellier, on connaissait la côte des timbres (les neufs ont plus de valeur que les oblitérés, sachez-le): ceux d'Afrique étaient beaux mais ne valaient rien. Ceux des anciennes colonies françaises (Indochine..) réservaient de belles surprises. A côté, il y avait le bar des Le Berre (aujourd'hui lac celtique), qui succéda à une grande famille cycliste (les Thomin?). Mince, sans les historiens, on balbutie.
En tous cas, en face, il y avait les chaussures Rivière, et un chinois (resto). Et des bars? Plein de bars, souvent discrets, cachés derrière des rideaux sales, à peine avec une enseigne. Bar de jour, bar de début de nuit, bar de fin de nuit. Le Tango... Les patrons étaient souvent des patronnes.
Ah, le Pub Paradiso, à l'angle de la rue Fautras, n'était pas discret. Mais il n'avait rien d'un pub. Le paradis, on ne sait. On ne s'aventure pas rue Fautras vers l'imprimerie Janne (et ses BD rares, comme "la plongée du pélican" de Fripounet et Marisette) ou le cordonnier Popioleck et sa fine clope au bec (ça rime).
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L'ASH au Glenfiddich le 31 décembre 1984: Edith, Fulgur, Swallow, Nadine Japan, Marius et Bige. Bébel et Bob Marley au mur. Au second plan, la bande de la rue de Lyon.
Direction "le Voltigeur", le bar sis à l'angle de la rue de Lyon et du 2ème R.I.C. Dans le bel immeuble d'en face, vers 1974, habitait Marius, qui intégra en 1977 l'éphémère équipe de foot de l'Harteloire. En 1974, on connut Marius en tapant dans la balle sur le carré d'herbe derrière l'église Saint-Louis rue Duquesne (là où il y avait un joli saule pleureur). Au Voltigeur, c'était folklo. Le vrai bar de quartier, familial. La patronne, carrée (ou ronde) et joviale, son mari krakig avec une casquette comme un pêcheur sétois, et la fille de 17 ans, jolie, brune et maquillée comme pour aller aux toss-toss.
Au voltigeur, en 1978, il y avait "Ti amo" d'Umberto Tozzi dans le juke-box. Il y avait aussi une carte du tour de France au mur, et un jeu sur le zinc où l'on pouvait gagner des trucs (oui, c'est imprécis, les historiens n'avaient qu'à ne pas partir à la neige). Les magazines (dont France-foot et France-foot 2) étaient à l'entrée. On passait nos après-midis au flipper et des filles de Sainte-Anne venaient tournoyer autour de nous. Alors, on espérait encore plus claquer à la loterie. Bon, c'était diabolo citron-blanc. On était encore des gamins. Ok, au sérieux Carlsberg quelque temps plus tard, on sera toujours des gamins.
Service Pierrot au Glen décembre 1984
Et puis on continue rue de Lyon vers la vieille porte de l'hôpital maritime (celle qui portait encore les traces de la guerre, au bout de la rue. Dans plein de rues de Brest, Allemands et Américains ont fait du combat de rue en 1944, comment peut-on s'imaginer ça?)
On passe devant le Mandarin (resto vietnamien: le patron porte une casquette et parle français comme toi z'et moi), une porte d'immeuble, et c'est le Glenfiddich (pas comme "fish", on est en Ecosse, mince!). V'là un bar qui ne paie pas de mine. Souvenir de lycéen des années 1977-78, quand Mme Barbot servait les chocolats et les croissants le samedi matin entre 10h et 11h où l'on avait "perm'" (à l'Harteloire, on avait classe le samedi matin). Début des années 1980, Dédé a pris les rênes du bar, et le dernier carré de l'ASH, après ses grandes heures de la Gentilho et du Mélody, vient y boire à la source, même si la musique barbouille des fois (trop de Sade - "Chaadé"- et de Jonasz dans sa boîte de jazz). On y suivra quand même le Live Aid un samedi de juillet, pour ceux qui n'étaient pas partis à Guéhenno voir les Clash (sans Mick Jones) et Léonard Cohen (avec un chapeau sous le soleil).
"Vous partez déjà"? Dessin du magazine "ASHes to ASHes" spécial printemps 1985. Dédé Uguen, personnage incontournable des nuits brestoises (et des jours aussi sans doute), à l'époque à la barre du Glenfiddich.
Au Glen', des fois, quand on a faim, il suffit de pousser une porte, traverser un hall d'immeuble, pousser une seconde porte, et on arrive au Mandarin où l'on ne se cantonne pas qu'au riz.
Et là, on s'arrête. Parce que si l'on continue, on arrive au Pub du Lyon, après la rue Pierre Puget. Celui-là ouvre vers 1987, ce n'est pas un vrai pub non plus, mais au moins il y a du rock dans les enceintes! (Même le live de Mott The Hoople 1974) Une fois par mois, ils reçoivent une caisse de bière Traquair House Ale, une écossaise que l'on trouvait aussi aux fauvettes. Une aristocrate chez les binouzes. Une fois, avec Yan, on a intercepté l'arrivage et on l'a sifflé en racontant des histoires de la marée de 116 à Lampaul-Poulfoën qui laissait des bigorneaux sur le clocher de l'église, et des légendes de BrIgnogan-Plagèss.
Jean Douglas Lasbuth Le Got, incontournable supporter de l'ASH. Un vrai p'tit gars de l'Harteloire (dont l'antre était proche de chez "Tintin" Belda, le bar du quartier). Dessin du magazine "The Daily White" de juin 1984
Bon, la rue de Lyon fascinait les jeunes garçons immatures. Il y avait tant de bars à la suite, dans un quartier qui n'était pas mal famé qui plus est. C'était il y a 35 à 50 ans. Comment ça, un demi-siècle? Vous plaisantez? Ouf!
31 décembre 1978; réveillon de l'ASH quelque part à l'Harteloire: Bébert Mc Reno (terminale D de l'Hartel', recyclé en terminale C), Swallow des Bahamas (gardien originel et original de l'ASH) et Papa Yan de la rue du Bouguen (petite dégustation de kronenbourg en avant-apéritif)
Comme c'est la nouvelle année, qu'on va souhaiter belle et radieuse à ceux et celles qui atterrissent avec grâce sur ce petit blog des anciens footeux du lycée de l'Harteloire, on va finir par quelques photos, pour la première fois dévoilées, du réveillon 1978-79 de l'ASH, quelque part à l'Harteloire.
Papa Yan dancing the fandango (31/12/1978 - photo du musée des grandes équipes disparues de Bratislava)
Il y eut de l'élégance, du savoir-vivre, des joutes verbales enflammées, ce fut un exemple du "vivre ensemble", une ode aux fraises et aux framboises sans doute, "un retour aux fondamentaux de la nature humaine" titra ensuite Le Figaro.
L'irremplaçable Vieux Sorcier Yvinec dans "Adada" (Tribute to Bourvil). Réveillon 1978-1979 (photo MUGED de Bratislava)
Certains de ceux qui nous accompagnaient, que l'on aimait, qui nous faisaient rire ou pleurer, ne sont plus là. 40 à 45 ans ont passé. On pense à vous. C'est la vie, et la vie seulement.
Bonne année 2023, que c'est!
Ladislas Boszo, au comptoir du "Glen'"
ladislasboszo.eklablog.com
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Par fulgur29 le 12 Novembre 2022 à 14:40
Salut! Une petite carte postale de la cité du Ponant, à l'attention des brestoâs mais aussi de ceux et celles qui n'y sont plus, et s'en languissent (ou pas). Quelles sont les nouvelles? D'abord, avenue Clémenceau, la Chope (bar historique avec le flipper "la maison hantée" vers 1980) et la Gentilho (club-house de l'AS Harteloire de 1979 à 1982) font peau neuve. Complètement en travaux. Et puis un resto de poutines vient d'ouvrir bas de Siam. Ensuite, on a aperçu Olive Bomon et Fulgur dans les travées du Stade Francis Le Blé contre Reims, comme il y a 45 ans...
Bon, il est compliqué de rester supporter du stade. Statistiquement, on attrape des cheveux blancs bien plus vite que la moyenne, et on passe plein de dimanches soirs maussades à faire la gueule. Mais, désormais, il y a un plus: quand le stad' marque (ça arrive), eh ben on ne s'esbaudit plus tout à fait. On regarde d'abord le juge de touche, prêt à lever son drapeau. Et on attend que l'arbitre dessine un carré dans l'air avec ses mains pour dire qu'il va aller voir la VAR et trouver un moyen d'annuler le but (ce qu'il fait d'ailleurs, en sifflant très fort pour dire: "y avait pas but!"). En plus, avec l'âge on devient miraud: on croit qu'il y a but alors que le ballon est passé à côté, on se lève comme des éléphants de mer et on crie dans le vent. Résultat: on sort du stade enroué pour des nèfles.
PS: tiens, au stade, ils servent des galettes-saucisses maintenant. "Pff, j'préfère encore descend' en D2 avec mon américain-merguez...!"
PPS: mince, ils vont vraiment le faire, ce micro-stade en plastoque, au Froutven. Ils ne veulent plus faire du neuf avec du vieux. Pourtant, c'est écolo. Et la plupart du temps, les matchs ont lieu de jour à présent. Alors, les nuisances sonores... (en plus, à part les ultras, on chante moins qu'avant)
Puisqu'on parlait du stad', on est parti chercher deux photos que les historiens ont certifié issues d'un déplacement à Nantes le 24 août 1979. Stade Marcel Saupin en bord de Loire, canons de Gros Plant. C'était l'été de la première montée, les canaris avaient gagné 3-0 (Johnny Boots et Olive Bomon sont sur la photo, on ne vous dit pas où. Un indice: ils ont des bonnets).
Et puis on se souvient: il y a bientôt 45 ans (le 16 novembre 1977), l'AS Harteloire enregistrait sa victoire "consécutive" 3 buts à 2 contre le lycée de Morlaix sur la pelouse gorgée d'eau du stade Foch (dit "le Larzac Ground"). Le dessin ci-dessus commémore plutôt les belles heures du PL Guérin, la grande équipe de Saint-Martin, qui évoluait aussi stade Foch (voir les articles "sweet, sweet PL Guérin" perdus dans ce blog labyrinthesque). Ecoutons le speaker: "Oh, la, la, intervention - hum - rugueuse de Bruno Stéphan dans sa surface, qui s'essuie les crampons et relance pour Willy. Willy joue des coudes dans le rond central et sert Marius sur l'aile. Grand pont! Marius va centrer, un centre lifté comme il les affectionne: un caviar, une offrande... Le vieux sorcier Yvinec et 'tit Clod traînent déjà dans la surface tels des vautours. Allez les p'tits loups! Cho-pe le renard!"
"Old footballers never die". Ils troquent juste les godasses à crampons contre des pantoufles...
Photo-souvenir de l'ASH, issue du "week-end à l'Aber-Wrac'h", le 16 avril 1980. La photo avait été prise pour servir de couverture à un disque qui ne sortit jamais, puisque seul Cliff (à droite) jouait de la basse. Les autres Dalton sont John Boots (et non Adriano Celentano), Marius (avec sa casquette), et Garcia Lotrian (ex SupdeCo).
Allez, c'est tout pour cette fois. Bébert Mc Reno (casquette verte) vous salue. A côté, c'est Olive, cité plusieurs fois dans l'article, qu'on dirait sorti de l'album "Exile on main street". Photo du 23 juin 1979 (note des historiens)
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Par fulgur29 le 19 Septembre 2022 à 16:49
Samedi 29 mars 1980, bar "La Gentil'ho". Sans préméditation, se dessine la fameuse soirée dite "des 39 Jenlain". De gauche à droite: Olive, Marius et Jean Lasbuth
L'autre jour au rayon des binouzes, notre oeil distrait se posa par hasard sur le message suivant: "2022: les 100 ans de la brasserie Duyck à Jenlain". Revint comme un kaleidoscope spatio-temporel ce samedi de 1980 où un bar de l'avenue Clémenceau fut le théâtre de la journée des 39 Jenlain. Pour en reparler, les historiens ont exhumé des archives jaunies et reconstitué l'épisode.
En fait, tout commença dans l'anonymat d'un début d'après-midi. Déjà un an que les gamins de l'ASH avaient investi l'endroit, qui leur paraissait un rien guindé (on les retrouvait plus souvent au Duquesne ou au Voltigeur, rue de Lyon). Marius, qui venait de terminer ses partiels (FAC de sciences), s'installa avec Olive à une table en bois, à droite de la cheminée (et non tout au fond du bar, lieu habituel des soirées). L'après-midi était belle et Johnny Boots avait conduit Fulgur prendre l'air au Trez-Hir (ce détail n'a aucune importance, mais les historiens ont insisté pour qu'il soit mentionné, afin que l'on mesure le sérieux de leur travail).
Bientôt Jean Lasbuth et Dragan arrivèrent du quartier de l'Harteloire pour se joindre à la tablée, et évoquer la virée de la veille au Jumbo, la discothèque de Douarnenez où officiait le frère d'Olive, avec un concert de "Bel Ornithorynque Force". Si bien que vers 17h, 11 Jenlain 75cl avaient été éclusées sans avoir l'air de rien, et trônaient sur le rebord de la fenêtre comme des obus de 14-18. Pourquoi des Jenlain ce jour-là? On n'en saura jamais rien.
Les historiens notent qu'à 18h, Jean Lasbuth quitta l'assemblée pour ne pas revenir, et qu'Olive prit sa moto pour remonter vers l'Armoricaine, où le Stade s'apprêtait à recevoir l'US Valenciennes-Anzin. Swallow du Bergot avait garé sa mob de l'autre côté de la vitrine du bar, ornée des rideaux Vichy, et écoutait Dragan raconter ses dernières tribulations sous les drapeaux (voir dessin en fin d'article).
A 21h, 21 Jenlain vides étaient au garde-à-vous sur le rebord de la fenêtre. Arrivèrent Marc "infernal" Ar Moal (electric guitar) et son pote Gilles (basse), ainsi que "Papa" Yan (celui qui dansait tout contre la grande baffle du Mélody, souvenez-vous). Et revint Olive de l'Armoricaine où le Stade avait pris l'eau contre Valenciennes malgré un but de Drago Vabec (1-5). L'ambiance pouvait encore monter d'un ton. Infernal Marc avait pris sa guitare et tout le monde chantait "Refugee" de Tom Petty (enfin, le refrain, faut pas pousser). Johnny Boots, appelé à rejoindre sa soucoupe volante au "Saturne" en combinaison de DJ, fit à regret bye-bye et monta dans sa Simca 1100.
La Gentilho vers 1979, avec le flipper juste à droite de l'entrée, et le juke-box à gauche
Dragan leva le pied et changea de vélo pour un... jus de pamplemousse. Les historiens rapportent que "Véronique passa", et Momo Cam aussi en fin de soirée. Oui, Momo, le gauchiste emblématique du lycée bleu (ex série B). Infernal Marc cassa une corde de sa guitare qu'il tenta de réparer (en vain) en y faisant un noeud. Il se faisait tard, les rangs étaient moins serrés, une partie de la clientèle migrait vers le Mélody. Le juke-box passait du ska. La tablée devisait encore lorsque le barman vint ramasser les 39 Jenlain.
Le lendemain, sous une pluie continuelle, le PL Guérin faisait match nul 1-1 à Saint-Renan. LVS Yvinec joua tout le match. Marius remplaça Fulgur à la 76ème mn. Le dimanche soir, Olive partit pour l'Angleterre, et maman Lasbuth vint chercher son fils à la Gentilho. "C'est tout", disent les historiens.
Un soir au bar, début 1981. Le personnage avec la casquette d'ACDC, c'est Marc "Angus" Le Moal. S'il porte la casquette, la guitare doit être posée à ses pieds.
L'affichette de la mairie de Brest (le maire était Pierre Maille, socialiste) en 1989 pour promouvoir la soirée au Vauban, avec Link, et les Hot Bugs!
Bonus! Quelques souvenirs des soirées brestoises: l'épopée des Hot Bugs: Jean-Yves Pleyber, Eric Stéphan, Eric Conq et Félix Bagheera. La bande-son de la fin des années 80, avec leur passage à Tamaris (dans le champ de Langolvas, près de Morlaix). "Pitch no pitch, yeah yeah yeah".
Le 45 tours mythique des Hot Bugs en 1989: "Pitch no pitch"
Pochette de la Lucha Libre en 2012 (?), avec le terrific "George Best": "On sait qui tu es, George"
George Best, "Bestie des sixties" (photo issue du Soccer Gift Book Charles Buchan's 1973)
On termine avec notre coup-de-coeur: "George Best" par la Lucha Libre (qui a aussi commis "Saint Bruno Grougi"), et des textes flamboyants. Car à l'ASH, les gamins savaient qui avait été George.
Dessin issu du "Blanc" n°45, journal de l'AS Harteloire, paru à 1 exemplaire le 9 avril 1980. Humour de comptoir
Ladislas Boszo, terrasse du bar Mitteleuropa à Budapest
ladislasboszo.eklablog.com
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Par fulgur29 le 9 Juin 2022 à 22:31
2026. Le stade brestois vient de descendre en division 2 après le match de barrage contre Châteauroux (but de Neymar sur pénalty). Le club a quitté le vieux stade Francis Le Blé (ex-Armoricaine) pour l'écrin flambant neuf de Guipavas, où on pourra jouer au bowling à la mi-temps et prendre un drink dans le lounge sponsorisé par une firme "produit en bretagne" de retraitement du goémon.
Bon, c'est super. C'est mieux, y a pas à discuter. Mais quand même, on était les derniers à avoir encore un stade en ville (à Nice, Bordeaux, ils pleurent et c'est vrai). C'était compliqué de nous mettre 17000 places dans le rectangle de la route de Quimper, en calculant bien, en mettant un toit sur "plein-ciel", en mettant du dur sur Arkéa, en reliftant Foucault? En musclant RDK? En faisant du beau avec du vieux?
Allons, c'était fastoche. On va partir à la campagne dans ce chaudron de poche, on va acheter un bonnet à 30 balles à la boutique. On va se bousculer pour prendre le tram vers l'Octroi. On va pleurer.
On va entrer à notre tour avec les deux godasses dans le XXIème siècle. Et ce sera mieux. C'est tout. (Et en même temps, on venait à Le Blé juste pour supporter le stade et passer du bon temps).
Ladislas Boszo,
qui taille une bavette au relais Celton
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Par fulgur29 le 7 Juin 2022 à 19:24
1: but de Yan sur le terrain de hand de l'Hartel'! (avril 1975)
Cette photo est un classique du blog de l'ASH. Et pour cause, c'est l'une des rares à saisir l'atmosphère du lycée bleu à la mi-temps des années 1970. C'est l'heure du traditionnel match après la cantine. La plupart des élèves sur la photo sont en seconde: il y a Debe Castel (sous-pull orange) et Pat Puillandre (de dos dans la cage), série B. De dos en chemise à carreaux, c'est Thierry Julienne. Yan Le Moing (c'est de lui qu'on va parler!) est de face, pull bleu marine). Beyer (en blouson), est caché derrière Julienne. Bertrand "Choco" Léon (série A) s'est retourné pour voir arriver Maony. Le match va commencer (il durera de 13h05 à 13h40 environ, tous les jours non pluvieux des années 70).
1. Quelques trombines des joueurs de l'AS Harteloire 1977-1978: de gauche à droite: Kermit Le Goaziou (goal) - Yann "Buto" Pavy - Pierre "Marius" Gouton - Philippe "Winnie" Rolland. En-dessous: Fred "Bomber" Phillips - Bertrand "Choco" Léon - Didier "Dragan" Brossel - Jack Cloâtre. On les trouve souvent sur le terrain bitumé de la cantine à midi...
A 13 heures les "externes libres" (ceux qui étaient rentrés manger chez eux et avaient vu "midi première" présenté par Danièle Gilbert) enjambaient la grille du lycée pour participer au match. En 1975, les caïds de série B faisaient la loi: Pat Puillandre (qui jouait à l'ASB), Jo Kerleroux, Momo Cam et consorts. Ces gars-là avaient du foot dans les pieds, et de la présence.
Et puis il y avait Yan. Yan, au foot, n'avait passé ni le code ni le permis. Mais c'était une locomotive. Aucune technique ni de sens du jeu, qu'importe! Alors Yan harcelait le porteur du ballon adverse, les mains souvent levées pour ne pas faire de faute. On le dribblait, pas de souci, en deux enjambées il était de nouveau là, faisant obstacle comme au handball, lançant ses pieds dans tous les sens, irritant les puristes et dégoûtant les gauchers magnifiques (Momo Cam).
Et ce jour-là, l'impensable: une balle qui traîne devant le but des caïds de la série B ("éco"), une mésentente comme un grain de sable, et puis Yan qui surgit et, d'un pointu-surprise, propulse le cuir dans la cage que protégeait Pat Puillandre. But! "Ouaiiis" a lâché Yan, qui de joie a réajusté ses lunettes.
1. Yann Le Moing (dit "Yan" ou "Papa Yan") en juin 1975. Yan jouait de l'alto et était fan de Frank Marino. Il aimait danser seul tout contre la baffle du Mélo.
1. Deux joueurs de l'ASH en tenue (achetée aux magasins Jean, rue Jean Jaurès), en 1977: Claude "Tête-de-boeuf" Castel et Didier "Dragan-la-foudre Brossel (série B) sur le légendaire Larzac Ground (stade Foch) qui porte ici bien son nom. Oui, chacun avait un surnom à l'époque. C'était plus rigolo.
2. But de Titi au tournoi de l'UNEM! (1er mars 1979). La photo est floue, mais elle est belle: comme nos souvenirs, elle s'évanouit dans l'ozone.
Après les années lycée (et le superbac 1978, le plus dur du siècle), le temps des années fac. C'est l'union des étudiants marocains (UNEM) qui organisa un grand tournoi sur le terrain stabilisé de l'université, en haut de la rue du Bouguen (derrière la bibliothèque universitaire). Tous les grands noms ou personnages de la sphère étudiante étaient là: Faouen le morlaisien, Tatibouët (tous deux en droit), Yann "Buto" Pavy capitaine de l'équipe Fac de sciences qui allait remporter le championnat de l'Académie, Woody Allen (son sosie, rassurez-vous).
2. Le parcours de la White Selection au tournoi de l'UNEM (archives du Musée des grandes équipes disparues, le MUGED)
Les anciens de l'Harteloire avaient fait appel à deux pointures du quartier de Saint-Martin pour former leur équipe (la "sélection blanche": Serge "le chef" Bourhis (PL Guérin) et Titi (place Guérin). De Titi, on ne sait pas son nom. Il traînait en fac de sciences, semble-t-il. Sur le terrain comme au-dehors, on eût dit un moineau. Et voici qu'en demi-finale, alors que l'équipe des "flèches" menait 1-0, à la dernière minute, Titi s'en vient placer une tête dans la lucarne, faisait exploser le stade entre chien et loup. Pour la petite histoire, les "flèches" s'imposeront aux tirs au but. Qu'importe, Titi a fait vibrer les âmes comme savent le faire les p'tits gars d'Saint-Martin!
2. Deux photos de Marius Gouton en action (les photos sont-elles à créditer à Kermit Le Goaziou, ou sa soeur? C'est probable!)
2. Serge "Le chef" Bourhis saute le plus haut pour dégager son camp. Derrière lui, Fred Phillips et tout à gauche, Swallow Suaud dans les buts.
3. But de Fabien contre Châteauroux! (13 février 2010)
Petit Fulgur a 50 ans quand il revient à Francis Le Blé. Il n'est pratiquement pas revenu depuis le naufrage du Brest Armorique. Il a même manqué la montée de National. Et pourtant il a passé toute sa jeunesse dans les populaires de l'Armoricaine, de René Tréguer à David Ginola...
Pour la Saint-Valentin, le président Guyot a eu la bonne idée d'offrir la place gratuite à la gente féminine (remarquez le coeur sur le billet du match). 17h. On s'installe tribune Foucault, côté nord. "Tiens, on est presque à la même place que lors des barrages contre Le Havre en 1989"...
La vache, quel plaisir de retrouver le stade. Ca file des frissons. Les ultras côté route de Quimper donnent de la voix. Il n'y avait pas d'ultras avant. On faisait du bruit sous le toit des populaires, mais en désordre. Oh, le stade joue bien! Grougi, Lesoimier, Roux, Bigné, Daf, Ewolo...
Paf, la Berrichonne ouvre le score juste avant la mi-temps. Mais les gars d'Alex Dupont repartent de plus belle. Brest est alors 2ème du championnat derrière Metz et reste sur une bonne série. A la 69ème, Rom' Poy' (Romain Poyet) égalise! On va finir sur un nul. Pas mal, chouette match.
94ème, dernier cafouillage devant les buts castelroussins, côté route de Quimper. Et Fabien qui envoie (de la tête?) le ballon dans les filets. Clameur des 9455 spectateurs qui scandent debout "Ici c'est Brest!". Un cri du coeur qui va bien durer 10 ans. Sourires à la sortie du match, le stade brestois sort du tunnel et cligne des yeux tant la lumière est belle!
3. Message d'Olive Beaumont (ex-lycée de l'Harteloire), un des 10000 supporters n°1 du Stad', pour la montée en D1 en 2010.
4. But du Vieux Sorcier au terrain de la gare! (13 septembre 1978). Ci-dessus, le reportage paru dans l'Ouest-France l'été 1979 (par Alain Cabon), avec le dessin du jubilé Winnie.
En contrebas du jardin Kennedy, vers la sous-préfecture, il y a ce carré de pelouse en pente où les gamins du centre-ville viennent depuis les lustres jouer au foot. Certains y ont usé plusieurs paires de godasses. Bertrand Yvinec (dit "le vieux sorcier"), et son copain Winnie Rolland de la rue Voltaire.
Après l'été 1978, le superbac en poche, Winnie a l'idée de faire un dernier match sur le terrain de la gare, un peu pour dire au-revoir à son adolescence. Il y a là les habitués du quartier, Raymond André, Tweed Boulin, et ceux de l'Harteloire: Debe, Dragan et Fulgur. Hubert Renaud ("Béb' Mc Reno") le rugbyman du lycée de l'Harteloire est présent aussi, avec un chouette maillot d'un club gallois.
4. Les deux équipes du jubilé Winnie: à gauche l'équipe du FOWLS: Norkopping (en orange), LVS Yvinec, Fulgur,, Kermit Le Goaziou (goal). Accroupis: Tweed Boulin et Black.
A droite, l'équipe Winnie: Hubert Mc Reno, Debe Castel (maillot d'Arsenal) et Dragan Brossel (SEC Bastia). Accroupis: Pinocchio (goal), Raymond André ("le vautour des 6 mètres") et Winnie Rolland forever.
Le match va durer 1h. Et déjà, à la 21è mn, le Vieux Sorcier, d'un lob parfait sur l'infortuné Pinocchio, inscrivait son 3ème but, signant le hat-trick. (entre parenthèses: parfois on ne se souvient plus de ce qu'on a mangé la veille, et ici on sait que le 3ème but du vieux, c'était un lob).
Au final, l'équipe de Winnie s'inclina 5-4, sans que "le fils de la vieille Italie" ait pu inscrire un dernier but sur son cher terrain de la gare. Une page se tournait, il allait falloir devenir grand...
4. La couverture du journal "Mirror" (ou les échos de l'ASH an II) du 22 septembre 1978. Journal tiré à 1 exemplaire.
5. But de Marius à la Cavale Blanche! (21 avril 1985). Ce but-là, on ne va pas le commenter: tout est dit dans l'article qui accompagne le dessin du journal "Ashes to ashes". C'est un petit clin d'oeil au PL Guérin, le grand club de Saint-Martin, dont l'équipe de foot s'éteignit à la surprise générale à la fin des années 1980. Ce blog en a parlé avec fierté plusieurs fois, notamment dans les articles "Sweet, sweet PLG", avec moultes photos d'équipes à l'appui.
Bonus! votre poster de Swallow-des-Bahamas à punaiser sur le mur de votre chambre (extrait du livre de l'ASH Group de décembre 1980)
Ladislas Boszo
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