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Retour vers le futur rue de Lyon
Résurrection de la boutique "Jean Lars" des années 1970 rue de Lyon début décembre 2022
C'était début décembre 2022 rue de Lyon, entre les rues Duquesne et Kéréon. Une boutique refaisait sa devanture, et soudain réapparut comme un fantôme celle de la boutique "Ouest-Sport" de Jean Lars, la figure de l'AS Brestoise, le club des "bleus de France" qui tint à Menez-Paul jusqu'à la fin des années 1960 la dragée haute au stade brestois de l'Armoricaine. Incroyable roulade en arrière dans le temps, non?
On est resté scotché. On y achetait nos godasses Puma marron (moches comme des péniches), et les survêtements bleu roi Le Coq Sportif (avec le logo triangulaire sur la poitrine). Après, la famille Lars allait déménager sa boutique et monter en gamme rue de Siam, avec les filles à la rescousse. La devanture du temps jadis n'est restée que quelques petits jours à la vue des passants...
Purée, on s'est dit. On a ouvert une brèche dans l'espace-temps, alors autant en profiter! Alors on a déambulé dans cette partie précise de la rue de Lyon, partant des halles Saint-Louis vers l'hôpital maritime, et pas ailleurs. On ne se disperse pas. (pour les lointains passagers, on est à Brest, la ville à l'ouest).
Malheureusement, on n'a pas obtenu l'aide des historiens, souvent d'un grand secours, 40 ans et plus après. Car, début janvier, à l'instar de Polanski, les historiens sont à la neige. Les plus pointilleux d'entre vous excuseront je l'espère les approximations. Y avait-il déjà la belle maison Beauvillain (arts de la table) à l'angle de la rue Kéréon? En tous cas après, "Brest-philatélie". Avec le catalogue Yvert et Tellier, on connaissait la côte des timbres (les neufs ont plus de valeur que les oblitérés, sachez-le): ceux d'Afrique étaient beaux mais ne valaient rien. Ceux des anciennes colonies françaises (Indochine..) réservaient de belles surprises. A côté, il y avait le bar des Le Berre (aujourd'hui lac celtique), qui succéda à une grande famille cycliste (les Thomin?). Mince, sans les historiens, on balbutie.
En tous cas, en face, il y avait les chaussures Rivière, et un chinois (resto). Et des bars? Plein de bars, souvent discrets, cachés derrière des rideaux sales, à peine avec une enseigne. Bar de jour, bar de début de nuit, bar de fin de nuit. Le Tango... Les patrons étaient souvent des patronnes.
Ah, le Pub Paradiso, à l'angle de la rue Fautras, n'était pas discret. Mais il n'avait rien d'un pub. Le paradis, on ne sait. On ne s'aventure pas rue Fautras vers l'imprimerie Janne (et ses BD rares, comme "la plongée du pélican" de Fripounet et Marisette) ou le cordonnier Popioleck et sa fine clope au bec (ça rime).
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L'ASH au Glenfiddich le 31 décembre 1984: Edith, Fulgur, Swallow, Nadine Japan, Marius et Bige. Bébel et Bob Marley au mur. Au second plan, la bande de la rue de Lyon.
Direction "le Voltigeur", le bar sis à l'angle de la rue de Lyon et du 2ème R.I.C. Dans le bel immeuble d'en face, vers 1974, habitait Marius, qui intégra en 1977 l'éphémère équipe de foot de l'Harteloire. En 1974, on connut Marius en tapant dans la balle sur le carré d'herbe derrière l'église Saint-Louis rue Duquesne (là où il y avait un joli saule pleureur). Au Voltigeur, c'était folklo. Le vrai bar de quartier, familial. La patronne, carrée (ou ronde) et joviale, son mari krakig avec une casquette comme un pêcheur sétois, et la fille de 17 ans, jolie, brune et maquillée comme pour aller aux toss-toss.
Au voltigeur, en 1978, il y avait "Ti amo" d'Umberto Tozzi dans le juke-box. Il y avait aussi une carte du tour de France au mur, et un jeu sur le zinc où l'on pouvait gagner des trucs (oui, c'est imprécis, les historiens n'avaient qu'à ne pas partir à la neige). Les magazines (dont France-foot et France-foot 2) étaient à l'entrée. On passait nos après-midis au flipper et des filles de Sainte-Anne venaient tournoyer autour de nous. Alors, on espérait encore plus claquer à la loterie. Bon, c'était diabolo citron-blanc. On était encore des gamins. Ok, au sérieux Carlsberg quelque temps plus tard, on sera toujours des gamins.
Service Pierrot au Glen décembre 1984
Et puis on continue rue de Lyon vers la vieille porte de l'hôpital maritime (celle qui portait encore les traces de la guerre, au bout de la rue. Dans plein de rues de Brest, Allemands et Américains ont fait du combat de rue en 1944, comment peut-on s'imaginer ça?)
On passe devant le Mandarin (resto vietnamien: le patron porte une casquette et parle français comme toi z'et moi), une porte d'immeuble, et c'est le Glenfiddich (pas comme "fish", on est en Ecosse, mince!). V'là un bar qui ne paie pas de mine. Souvenir de lycéen des années 1977-78, quand Mme Barbot servait les chocolats et les croissants le samedi matin entre 10h et 11h où l'on avait "perm'" (à l'Harteloire, on avait classe le samedi matin). Début des années 1980, Dédé a pris les rênes du bar, et le dernier carré de l'ASH, après ses grandes heures de la Gentilho et du Mélody, vient y boire à la source, même si la musique barbouille des fois (trop de Sade - "Chaadé"- et de Jonasz dans sa boîte de jazz). On y suivra quand même le Live Aid un samedi de juillet, pour ceux qui n'étaient pas partis à Guéhenno voir les Clash (sans Mick Jones) et Léonard Cohen (avec un chapeau sous le soleil).
"Vous partez déjà"? Dessin du magazine "ASHes to ASHes" spécial printemps 1985. Dédé Uguen, personnage incontournable des nuits brestoises (et des jours aussi sans doute), à l'époque à la barre du Glenfiddich.
Au Glen', des fois, quand on a faim, il suffit de pousser une porte, traverser un hall d'immeuble, pousser une seconde porte, et on arrive au Mandarin où l'on ne se cantonne pas qu'au riz.
Et là, on s'arrête. Parce que si l'on continue, on arrive au Pub du Lyon, après la rue Pierre Puget. Celui-là ouvre vers 1987, ce n'est pas un vrai pub non plus, mais au moins il y a du rock dans les enceintes! (Même le live de Mott The Hoople 1974) Une fois par mois, ils reçoivent une caisse de bière Traquair House Ale, une écossaise que l'on trouvait aussi aux fauvettes. Une aristocrate chez les binouzes. Une fois, avec Yan, on a intercepté l'arrivage et on l'a sifflé en racontant des histoires de la marée de 116 à Lampaul-Poulfoën qui laissait des bigorneaux sur le clocher de l'église, et des légendes de BrIgnogan-Plagèss.
Jean Douglas Lasbuth Le Got, incontournable supporter de l'ASH. Un vrai p'tit gars de l'Harteloire (dont l'antre était proche de chez "Tintin" Belda, le bar du quartier). Dessin du magazine "The Daily White" de juin 1984
Bon, la rue de Lyon fascinait les jeunes garçons immatures. Il y avait tant de bars à la suite, dans un quartier qui n'était pas mal famé qui plus est. C'était il y a 35 à 50 ans. Comment ça, un demi-siècle? Vous plaisantez? Ouf!
31 décembre 1978; réveillon de l'ASH quelque part à l'Harteloire: Bébert Mc Reno (terminale D de l'Hartel', recyclé en terminale C), Swallow des Bahamas (gardien originel et original de l'ASH) et Papa Yan de la rue du Bouguen (petite dégustation de kronenbourg en avant-apéritif)
Comme c'est la nouvelle année, qu'on va souhaiter belle et radieuse à ceux et celles qui atterrissent avec grâce sur ce petit blog des anciens footeux du lycée de l'Harteloire, on va finir par quelques photos, pour la première fois dévoilées, du réveillon 1978-79 de l'ASH, quelque part à l'Harteloire.
Papa Yan dancing the fandango (31/12/1978 - photo du musée des grandes équipes disparues de Bratislava)
Il y eut de l'élégance, du savoir-vivre, des joutes verbales enflammées, ce fut un exemple du "vivre ensemble", une ode aux fraises et aux framboises sans doute, "un retour aux fondamentaux de la nature humaine" titra ensuite Le Figaro.
L'irremplaçable Vieux Sorcier Yvinec dans "Adada" (Tribute to Bourvil). Réveillon 1978-1979 (photo MUGED de Bratislava)
Certains de ceux qui nous accompagnaient, que l'on aimait, qui nous faisaient rire ou pleurer, ne sont plus là. 40 à 45 ans ont passé. On pense à vous. C'est la vie, et la vie seulement.
Bonne année 2023, que c'est!
Ladislas Boszo, au comptoir du "Glen'"
ladislasboszo.eklablog.com
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