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L'ASH et Status Quo! (version remastérisée)
Radio K7 de Status Quo 1968, période "psychédélique", avec "Technicolor dreams" qu'affectionnait Steve Rébillard (série A)
Bon. N'allez pas croire qu'on fait une fixette sur Status Quo dans ce blog. On en a déjà parlé. On a raconté le concert de Penfeld avec l'article de petit Fulgur qui avait paru dans Rock'n'Folk, avec Supermac qui s'écriait "Rossi!" entre deux chansons.
Mais figurez-vous que l'autre jour, petit Fulgur traînant quartier Jaurès tomba sur des CD de seconde main, dont deux vieux Status Quo réédités comme des 33 tours miniatures, à l'identique avec pochette en carton: "Quo" et "Blue for you". Et un Ramones de 1977, même présentation sans plastique. Ouah! 10 secondes plus tard, ils étaient dans la musette.
La pochette de "Quo" est assez moche, avec ces racines comme des serpents et Lancaster et Parfitt qui paraissent s'étrangler. Mais dès les premières mesures de "Backwater", le choc, retour immédiat sans escale vers le foyer du lycée de l'Harteloire, celui qui fut posé au fond de la cour de récré (près de l'entrée des cyclos) vers 1972.
Vous souvenez-vous de l'éphémère (1972-1976?) foyer du lycée, monté comme un mobile-home entre les terrains de hand et le parking à vélos et cyclos?
Ne dîtes pas, anciens et anciennes du lycée bleu, que vous avez oublié Le Foyer, bâtiment provisoire en aggloméré, qui devint peu à peu No man's land. Alors, entrons, il y a "Backwater" qui passe, et cette odeur de tabac froid. Ah, ça fait du bien. Il y a deux salles: dans l'une, on joue au baby. Dans l'autre, il y a une platine vinyles, et des 33 tours tout autour: Pink Floyd, les Doors, Yes (et leurs pochettes incroyables), Deep Purple... Ce sont les terminales qui font la loi et passent leur musique. Il y a des noms aujourd'hui oubliés: Uriah Heep, Hawkwind, Emerson Lake and Palmer... Beaucoup d'électricité dans l'air. Cheveux longs, écharpes longues.
Un coup, petit Begkoyian, 4ème ou 3ème, a essayé de glisser son disque de Slade (c'était "Sladest") sur la platine. Il s'est bien vite fait virer par un vieux de terminale qui a posé Jimi Hendrix sur le pick-up. Le rock, c'est pas une musique de gamins!
Pochette du disque "Quo", 1972
En 4ème, il y avait une jeune prof de Français qui ne se laissait pas marcher sur les pieds: Madame Rozenn. Elle avait d'abord décidé de rendre hommage pendant un trimestre à Henri de Montherlant, tout juste refroidi en début d'année scolaire. Mais ensuite, pour illustrer un chapitre sur le thème du feu en musique, elle avait apporté des 33 tours en classe! On avait d'abord écouté de la musique classique, "l'Oiseau de feu" de Stravinsky. Et soudain, voilà qu'elle sort... "Fireball" de Deep purple! Du hard-rock en cours de français à l'Harteloire! Même Madame Anger, la reine des prof avec ses cheveux gris en queue de cheval et la clope au bec n'a jamais osé pareille transgression. Yan Le Moing de la rue du Bouguen (il habitait l'immeuble au pied de la falaise et des fortifs) était aux anges.
Pochette du disque "Blue for you", 1976
Dans le foyer, le sol en plancher craquait. Tout le monde fumait. Les manteaux, sacs mous et écharpes tricotées s'amoncelaient en désordre contre le mur. C'était le territoire des lycéens, où pas un prof ne s'aventurait. Ben oui, ça draguait pas mal, comme dans l'arrière-salle du Campus (sis en face des escaliers de granit, rue Latouche-Tréville, avant la boulangerie Méar). Le Record, lui, était à 50m à gauche, rue de l'Observatoire, en face d'une petite place.
Alors, oui, Status Quo a accompagné bien des lycéens et lycéennes pendant les années '70. "Piledriver", "On the level"... Et le Live. Souvenir de soirs d'hiver vers Noël dans la fermette de Steve Rébillard en pleine campagne sous Guissény à beugler "bye bye Johnny, bye bye Johnny be good".
Jo Kerleroux (série B) avait l'uniforme de Status Quo: veste et pantalon en jean, mais c'est John Lennon qui apparaissait en couverture de son classeur (la photo avec plusieurs paires de lunettes). Pat Puillandre (série B) sifflotait "Mamounia" des Wings. Marius Gouton (série C) avait un poster d'América dans sa chambre. Dans celle de Thierry Julienne (champion du foot-capsules Weltmeisterschaft 1974) on entendait "Foreigner" de Cat Stevens. Début 1978, le premier disque de Van Halen provoqua l'enthousiasme chez les Terminale C. En avril 1975, la mort de Mike Brant fit pleurer des lycéennes de seconde. Et celle d'Elvis, à la rentrée 1977, rougit les yeux de quelques uns dans les vestiaires de la salle de gym.
A la rentrée 1976 (ou celle d'avant, ou celle d'après), le foyer avait disparu de la cour de récré. Le seul foyer restait deux salles au fond du long couloir du premier étage, dans la longue excroissance au nord du lycée, au-dessus de la cantine. On pouvait y boire un café. Et terminer ses devoirs juste avant le cours ou faire un morpion avec Bérénice. Il y avait une ambiance feutrée des rencontres de début de matinée. Mais plus de musique. Sauf la fois où Jimmy Poncey (terminale A) obtint l'autorisation d'y organiser une "boum" début 1978, un soir! Succès populaire (et pourtant passait à la télé "Zorro" avec Alain Delon). Hélas, Jimmy avait posé sa platine trop près des radiateurs et soudain la musique cessa.
Pochette verso du disque des Ramones "Rocket to Russia" de 1977. Tristement prémonitoire? Quelle pochette, n'empêche!
Ladislas Boszo, debout devant le Pénalty-bar avec Dimitri Payet qui se plaint de sa cuisse.
ladislasboszo.eklablog.com
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