• Le bon vieux temps du foot-capsules (version remastérisée)

    Le bon vieux temps du foot-capsules (version remastérisée)

     

    Ah, le foot-capsules! On vous en avait déjà parlé il y a quelques années dans ce blog, et on avait reçu un commentaire imparable d'un internaute: " J'aime bien le foot-capsules ". Les 10 ans du blog approchant, on présente une version remastérisée des dessins explicatifs, afin de rendre gloire à ce loisir (un sport?) sans nul autre pareil. Alors, touristes, passez votre chemin. Car le foot-cap' est un art premier, rien de moins. Ceux qui n'ont jamais demandé au bistrotier du quartier de leur garder les capsules (non pliées) des bouteilles de bière vides, ceux qui n'ont jamais découpé à l'aide des dites capsules les morceaux de papier circulaires, ensuite marqués des nom et du numéro du joueur, et peints au feutre aux couleurs de son club préféré (maillot au dessus du nom, short et chaussettes en dessous), ceux-là ne peuvent pas comprendre l'addiction au foot-cap'. Ah, je vois qu'on a déjà perdu du monde. Mais on garde les furieux!

    Le bon vieux temps du foot-capsules (version remastérisée)

     

    Cette addiction frappait plus volontiers les gamins qui, sous le préau des classes de primaire, disputaient déjà dans la rigole le Tour de France capsules en mai 1968, quand Van Springel battait Bitossi (aussi) et Lucien Aimar au sprint, juste avant la fin de la récré. Et, natürlich, à l'approche du Weltmeisterschaft 1974 chez les teutons, l'effervescence reprit chez les jeunes ados du lycée de l'Harteloire (Brest) qui allaient passer le BEPC à Kerhallet (Bellevue) et se mirent à dévaliser les poubelles de tous les troquets (à l'Harteloire chez Augustin Belda) de toutes les capsules de bière (pas celles des bouteilles de pinard, au diamètre non homologué), à faire des trous bien circulaires dans leur cahier de maths, à choisir leur équipe nationale (Haïti avait moins la côte, et pourtant...), et à décorer les capsules. En finale, après moult confrontations, la Hollande de Thierry Julienne (quartier Sanquer), que l'on aperçoit sur une photo du blog en 1975 dans la cour de récré du lycée bleu, battit sans appel la RFA de Bomber Phillips (quartier Branda): note des historiens qui se souviennent d'un 4-0.

    Le bon vieux temps du foot-capsules (version remastérisée)

     

    Les règles du jeu différaient selon les quartiers. Certains avaient repris les règles du foot de table Subbuteo, mais l'avaient adaptées au foot cap', plus spectaculaire (gros défaut du Subbuteo, le ballon était aussi gros que les joueurs et ne décollait pas, c'était nul). Attention: les joueurs de foot cap' atteignaient par habitude un niveau de technicité parfois bluffant. Avec le tapis de jeu, les buts et les barrières du Subbuteo, on pouvait jouer au foot cap' sur une table (les barrières empêchaient la balle de tomber de la table, il y avait le joli tableau d'affichage en sus). Mais, sur la moquette du salon ou de la chambre, c'était chouette aussi (on traçait les lignes à la craie de tailleur).

    Les règles: le même joueur (capsule) pouvait jouer trois fois de suite par pichenette de deux doigts, à condition qu'il touche à chaque fois la balle, et que celle-ci - une perle en bois- ne touche pas une capsule de l'adversaire. Quand la perle se nichait à l'intérieur d'une capsule, il y avait main. Quand une capsule frappait une autre capsule sans avoir touché la balle, il y avait coup-franc pour l'autre équipe (accompagné d'un carton selon la violence du choc ou l'humeur de l'arbitre). Le goal était une capsule tenue verticalement à deux doigts. Si la perle touchait un doigt, c'était un péno. Enfin, un tir au-delà des trente mètres sans avoir touché un joueur était refusé (il y avait encore quelques points de détail, mais les règles finalement étaient assez simples). La règle du hors-jeu s'appliquait. Enfin, on raconte ça au-cas-où un(e) illuminé(e) viendrait à raviver la flamme (on a vu des buts fabriqués main, avec filets tendus assez superbes).

    Le bon vieux temps du foot-capsules (version remastérisée)

     

    Dragan, Debe, Fulgur (quartier Harteloire et rue du Bouguen), passèrent tant de samedis après-midi d'hiver en 1975-1976 (période Bernard Golay et "Mystères de l'ouest") à donner des pichenettes dans les capsules de Popivoda (Eintracht Brunswick), Ruben Ayala (Atlético) ou Pirri (Réal Madrid). Sur le cours d'Ajot, le rectangle vert du Geoffroy Guichard de "I don't shake hands" Kermit Le Goaziou (futur gardien de l'ASH saison 1977-1978) était citadelle imprenable (ses règles étant certainement bien alambiquées). Au Relecq-Kerhuon, dans le garage sous la maison de Yann "Buto" Pavy, près de la voie ferrée, le stade Marcel Saupin avait des dimensions extraordinaires (4 mètre sur 2?)

    Le bon vieux temps du foot-capsules (version remastérisée)

     

    Pour trouver la composition des équipes moins connues mais indispensables (MSV Duisburg, Racing White Daring Molenbeek, Lazio Roma ou QPR), il fallait aller au kiosque de la gare de Brest acheter les quotidiens étrangers (Kicker, Guerin Sportivo, El Païs, Daily Mail). Certains entraîneurs (le Doc Tommy Docherty, Manchester United) avaient même leur capsule sur la touche. Les scores et commentaires des matchs (avec détails comme "temps pluvieux" ou "vent violent") étaient consignés dans un épais cahier Clairefontaine (on se souvient de commentaires signés Supermac Le Guen qui valent leur pesant de cacahuètes)

    Le bon vieux temps du foot-capsules (version remastérisée)

     

    Vint un âge où il fallut se résoudre à tendre vers d'autres occupations, les filles ne fréquentant pas les pelouses de foot cap'. Quand on pense que, de nos jours, il est socialement correct de jouer à FIFA 2020 passé trente ans, on rêve! 

    Et, profitant du départ des petits gars au service militaire, les mamans vidèrent les placards et tiroirs de ces boîtes emplies de capsules de bière, décorées de papier multicolore et baptisées de noms bizarres: "Manservisi", "Raducanu". Fini le bon vieux temps du foot-capsules!

    PS: il manquait le bruit de la foule. On avait beau passer des enregistrements de finales de la Cup, le rendu n'était pas terrible, la clameur devant accompagner le but à la seconde près, on n'y arrivait pas. Alors, on imaginait la foule massée autour du terrain, nombreuse mais vaporeuse (les stades étaient toujours pleins, sauf à Monaco).

    "Video killed the foot-capsules stars" (the Buggles")

    "Old time foot-capsules" (Bob Seger)

    ladislasboszo.eklablog.com

     


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